dimanche 8 novembre 2009

La controverse autour de la venue de Tariq Ramadan à Montréal.


Le controversé intellectuel musulman Tariq Ramadan a appelé les musulmans du Canada à un islam d'ouverture, d'acceptation de l'autre et de justice. Invité à Montréal par Présence musulmane, organisme montréalais à mission sociopolitique, il y faisait la promotion de son plus récent livre, Mon intime conviction.

Intellectuel et islamologue suisse d'origine égyptienne, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, M. Ramadan est un personnage controversé que plusieurs soupçonnent de dissimuler une philosophie radicale sous un discours plus lisse. Mais d’autre comme Gregory Baum, théologien catholique et professeur à l’Université Mc Gill estime qu’il présente « une interprétation de l'islam qui est orthodoxe et humaniste, fidèle à la tradition et ouverte à la modernité, appuyant démocratie, pluralisme et droits de la personne » (Le Devoir, 5 novembre 2009).

Comme à l’accoutumé sa présence à Montréal est dénoncée par des organismes canadiens. D'abord, par le Congrès musulman canadien, groupe torontois fondé par le journaliste Tarek Fatah. Ensuite par Point de bascule, média internet montréalais surtout voué à la dénonciation de l'islamisme. Dans une publicité d'une pleine page dans le journal Le Devoir du 6 novembre 2009, ils dénoncaient la venue de M. Ramadan, «célèbre idéologue islamiste» à Montréal.

Mais cela n’a pas empêché le public de venir, au vu des nombreuses personnes refoulées à l'entrée de l'amphithéâtre faute de places. Il semble que M. Ramadan a un véritable écho. Pendant plus d’une heure, il a parlé sur le thème de la quête spirituelle, devant une audience très attentive. Avec une éloquence incroyable, il a évoqué les différentes manières de conserver son identité religieuse lorsque l'on vit en Occident. « Assumer ce que l’on est et offrir ce que l’on a» a t'il dit.

Il a incité le public à la lecture « ne répétez pas ce que les gens disent : il faut les lire », et à s'éloigner de temps en en temps des valeurs matérialistes qui nous entourent. Mais il a aussi prôné la tolérance et le respect « ne jugez pas trop vite, nous devons responsabiliser plutôt que condamner », conseille t-il.

A la fin de la conférence, Tariq Ramadan a mis en garde la société québécoise contre l’influence française sur la question de la diversité culturelle. « Ne soyez pas colonisé par les débats franco-français des grands salons parisiens ! ». Il estime ainsi que l’approche de la question musulmane est moins tendu dans le reste du Canada.

L'universitaire suisse, est vu par beaucoup de jeunes musulmans comme le Martin Luther King de l'islam. Pour ses détracteurs comme un leader modéré, charismatique qui cacherait une pensée plus discutable. Tariq Ramadan ne laisse donc personne indifférent.

dimanche 14 juin 2009

Les Tamouls du québec manifestent à Montréal.


La communauté tamoule de Montréal manifeste depuis plus d’un mois sur le boulevard René-Lévesque afin d'alerter l'opinion publique sur le sort de leur peuple au Sri Lanka qu'ils estiment victime de génocide. Les manifestants réclament également que le gouvernement sri-lankais laisse entrer l'aide humanitaire. Les manifestants demandent aussi à la communauté internationale de faire pression sur les dirigeants politiques et de porter assistance à la population tamoule.

Alors que l'armée du gouvernement annonce l'assassinat de tous les dirigeants du mouvement rebelle, les Tamouls de Montréal s'inquiètent avant tout du sort de leurs familles sur place. « Nous n’avons aucune nouvelle de nos proches. Mes frères et sœurs vivent là-bas et je suis vraiment très inquiet pour eux », raconte Jeyan Rajah Visualingam, un manifestant tamoule qui vit au Canada depuis 11 ans. Plusieurs Tamouls de la métropole québécoise soutiennent ouvertement l'armée des Tigres tamouls, un mouvement séparatiste armé qui milite pour l'établissement d'un État indépendant dans le nord du pays. La puissante diaspora tamoule est le seule appui de l’organisation, tant sur le plan financier que politique.

«Les Tigres tamouls sont notre seule voix», explique Jeyam, un autre manifestant. «Après 30 ans de combat et d'oppression, nous ne pourrons jamais faire confiance au gouvernement sri lankais», dit-il. Pour Jeyan Rajah Visualingam, « il n’y a pas de négociation possible, la seule solution a envisagée est l’indépendance : deux États la paix, un État la guerre! ». « De toute façon tous ceux qui nous soutiennent sont considérés comme des terroristes. Pourtant nous luttons uniquement pour nôtre liberté », renchérit Jeyam. Selon les deux manifestants interrogés la situation au Sri Lanka n’a jamais été aussi mauvaise.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon était au Sri Lanka, où il a plaidé pour un libre accès aux organisations humanitaires afin de venir en aide aux quelque 300 000 personnes déplacées par le conflit. L'objectif immédiat de Ban Ki-moon est de s'assurer que les réfugiés bénéficient de l'aide dont ils ont besoin. Depuis le mois d'avril, environ 35 000 civils ont fui le nord du pays. Au moins 7000 personnes seraient mortes dans les récents affrontements.

Au terme de 37 années de violences, le Sri Lanka est convaincu d'avoir gagné la partie contre les rebelles tamoules. La mort de leur chef Velupillaï Prabhakaran, si elle est confirmée officiellement, décapite le mouvement des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Il n'a pas été possible pour l'instant d'obtenir une confirmation indépendante de la mort de Prabhakaran, dont le sort fait l'objet de spéculations et de démentis depuis plusieurs jours. Pour le manifestant du boulevard René-Lévesque, Jeyan Rajah Visualingam « ça fait 3 fois qu’on annonce sa mort ! Pour moi il est toujours vivant ! ».

La pénurie des amulanciers à Montréal


La pénurie d'ambulanciers atteint des sommets au Québec. Les responsables d'Urgences-Santé de la région de Montréal et de Laval ont grandement besoin d'ambulanciers supplémentaires et souhaitent en embaucher 120 de plus. Une journée porte ouverte avait eu lieu, le samedi 16 mai, au centre d'opération d'Urgences santé à Saint-Léonard, afin de recruter de nouveaux effectifs.

Les ambulanciers paramédicaux de Montréal et de Laval ont de plus en plus de difficultés à répondre à tous les appels dont le volume augmente constamment. La charge de travail s’alourdit ; le nombre d’heures supplémentaires explose ; les horaires de travail sont de plus en plus exigeants. Selon Benoit Garineau chef des opérations à Urgence-Santé, « ce n’est pas un phénomène nouveau, c’est depuis quelques années qu’on est en manque d’effectif».


Urgence-Santé plaide pour un investissement massif dans les ressources humaines, délaissées au profit de l'équipement des véhicules. Pour Benoit Garineau, «on n’a pas de difficulté à embaucher, mais il y a beaucoup de départs à la retraite». Pour lui, la solution à envisager serait d’augmenter les cours aux cégeps ainsi que le nombre d’étudiants par classe. Les exigences sont simples : posséder un diplôme d’études collégiales en soins préhospitaliers d’urgence. Le manque d’effectifs a un impact sur les délais d'ambulances et le service aux citoyens. Rappelons que les premiers étudiants du nouveau programme collégial en soins préhospitaliers feront bientôt leur entrée sur le marché du travail. Ainsi, les 120 postes vacants pourraient combler à 100% le quart le travail des ambulanciers

Le manque d’effectifs se traduit par les délais d’attente trop longs avant l’arrivée de l'ambulance. Et qu'aucun véhicule ne soit disponible sur le territoire pour répondre aux cas les plus urgents. La direction d'Urgences-santé prétend néanmoins être en mesure de répondre aux urgences dans les délais indiqués. «Là où la pénurie a un impact, c'est dans les cas non urgents», a souligné Benoit Garineau. La région de Montréal canalise à elle seule entre 40 et 50 % des appels d’urgences préhospitalières du Québec.

Autre problème concerne les cas nombreux de détresse psychologique des ambulanciers. On oublie trop souvent que les paramédics sont en contact quotidien avec des situations difficiles. Face à ce quotidien qui affecte leur santé psychologique, Urgence-Santé a mis en place un programme d’aide psychologique destiné aux employés qui le souhaitent. Benoit Garineau reconnait que « notre métier est exigeant physiquement et mentalement ».

samedi 2 mai 2009

L'humoriste québécoise Lise Dion en campagne pour le dépistage du cancer du sein (mon 2e vrai reportage sur le terrain!)


A l'occasion de la fête des Mères, la Société canadienne du cancer (SCC) ainsi que l’humoriste Lise Dion, nouvelle porte-parole de l’association, lancent une campagne sur l'importance du dépistage comme moyen de lutter contre le cancer du sein. Un porte-clés éducatif original le "Mémo-mamo" a été créé dans le but de promouvoir la mammographie de routine auprès des femmes âgées de 50 à 69 ans. Le "Mémo-mamo" de la SCC est disponible au prix de 5 $ dans les pharmacies Jean Coutu du Québec et dans les bureaux régionaux de la SCC.

Aujourd’hui les chances de guérir d'un cancer du sein atteignent près de 90%. Malgré les progrès continus faits en matière de traitement, de détection et de prévention, cette maladie véhicule encore beaucoup de peur et reste crainte par la majorité des femmes. Selon le Docteur Mylène Drouin de l’Agence de la santé de Montréal, «ces dernières années, il y a eu des grandes avancées dans le domaine de la prévention contre le cancer du sein et en matière de dépistage précoce ». Le cancer du sein est la maladie la plus fréquente chez les femmes au Canada, « l’âge, le sexe et les antécédents familiaux sont des facteurs de risque important », dit-elle.

Malgré ce lot d'inquiétudes, on pourrait réduire d’environ un tiers la charge du cancer par le dépistage et le traitement précoce des cas. La SCC fait la promotion du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS), qui est un service gratuit offert par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec à toutes les femmes âgées de 50 ans à 69 ans. Il consiste à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans. L’objectif est d’intervenir pendant que le cancer est encore localisé, avant qu’il n’y ait une migration de cellules cancéreuses d’un organe vers un autre.

Pourquoi à partir de 50 ans? « Le gland de la femme de 50 ans est moins dense donc le test est plus précis », affirme le Docteur Mylène Drouin. Pour Louise de Villers infirmière à la PQDCS, «on a toute un risque de cancer après la ménopause donc chaque femme doit connaitre ses seins ». Le dépistage du cancer a pour but de déceler les petites tumeurs plus tôt dans la maladie et par conséquent de prolonger la vie. Ainsi, le taux de guérison est élevé lorsque la maladie est décelée suffisamment tôt et soignée selon les meilleurs moyens disponibles.

L’humoriste Lise Dion a accepté d’être la nouvelle porte-parole de la SCC car « ma mère a eu un cancer du sein et je crains moi-même cette maladie, j’ai vraiment peur de ça !».Elle déplore que « aujourd’hui près de 47% des femmes ménopausées ne vont pas se faire dépister ». Ainsi elle dit à toutes les femmes « mieux vaut vivre 30 secondes désagréable pendant la mammographie que de perdre un sein, le choix est vraiment facile à faire : on a aucune raison de ne pas y aller! ». La SCC a choisi la période de la fête des mères pour mettre en vente ses porte-clés éducatifs afin de crée une chaine de discussion et une diffusion plus large de l’information entre les mères et ses amies. L'argent recueilli par la vente du «Mémo-mamo», servira directement à financer des projets de recherche. Et aussi à fournir des services du soutien aux personnes atteintes de cancer.

Concert de musique classique dans le métro de Montréal (mon 1er vrai reportage sur le terrain!)


Pour leur cinquième année consécutive, des étudiants en musique de l’UQAM on offert des concerts gratuits à la station de métro Berri-UQAM pendant la semaine pascale. L’initiatrice de ce projet, Denyse Saint-Pierre, accompagnée de treize musiciens-étudiants, souhaite ainsi faire valoir la musique classique au sein du grand public. Suite au succès rencontré, le directeur des affaires publiques de l’arrondissement de Ville-Marie Jean-Yves Duthel, a pour projet d’engager le groupe afin de jouer tout l’été dans les parcs de la ville. Ces représentations sont organisées en collaboration avec la Société de transport de Montréal (STM) et l’Arrondissement Ville-Marie.

Denyse Saint-Pierre, la pianiste-accompagnatrice au Département de musique de l'UQAM, est un personnage dynamique et passionnée par son métier. Elle
déplore le manque d’intérêt des médias à l’égard du classique et de la culture en générale. C’est ce constat qui l’a amenée il y 5 ans de mettre en place une série de concerts classiques gratuits dans le métro, lieu de passage et d’écoute par excellence. Avec l’aide de la direction du département de musique de l’UQAM, Denyse Saint-Pierre a obtenue les autorisations nécessaires de l’arrondissement Ville-Marie et de la STM.

Ce genre de représentations permet une diffusion plus large de la musique classique. "Une manière d’éduquer les gens", dit-elle, même si elle est bien consciente que "c’est juste une goutte d’eau dans l’océan ". Le répertoire interprété est choisi de manière scrupuleuse, on cherche des morceaux facile à suivre, pas obscure et doux à l’oreille du passant. Les morceaux joués comme Villanelle de Paul Dukas et Toccata de Jean-Sébastien Bach, ne sont pas les plus célèbres, afin d’éviter une dimension trop intellectuelle.

Les étudiants-musiciens ne sont pas sélectionnés selon des critères définis. Mais par " leur seule volonté", explique-elle. Pour Guillaume Lapointe étudiant-pianiste, "c’est un bon moyen d’apprendre au niveau de la concentration avant l’examen de fin d’année". Les musiciens jouent en effet, dans des conditions un peu difficiles. Ils doivent faire preuve d’une totale concentration, face aux bruit des passants et aux pleurs des enfants. Zoé Belzile étudiante-violoniste, assure que c’est " un bon moyen de se faire connaitre et de se voir offrir des propositions de travail", assure-t-elle. Elle travaillera donc, cet été avec l’arrondissement Ville-Marie, pour le projet de relooking des parcs de la ville.

Le public présent aux concerts dans le métro, était de toute catégorie d’âge. Eliciaa Leon âgée de 73 ans est une fidele spectatrice, présente pour la deuxième année consécutive. " J’aime la musique classique et je trouve que ces étudiants sont très compétent", dit-elle. En effet, en écoutant les interprétations des différents intervenants, nous pouvons ressentir la passion qui émane d’eux. Autre grand fidèle de ce rendez-vous musical, Daniel, qui a même eu le droit d’un lapin de pâques de la part de Denyse Saint-Pierre, en gage d’amitié pour ses 5 ans de fidélité. Le projet « la musique classique pour tous », est une démocratisation du classique, pour faire écouter et montrer la différence au grand public.

Les domestiques abusées du Liban


Depuis 1973, plus de 200 000 femmes ont migré des pays pauvres pour aller travailler comme domestiques dans les maisons libanaises. Certaines ont réalisé leur rêve d'autres vivent sous une contrainte financière et psychologique. Depuis la décision du Ministère du travail Libanais du 31 janvier 2009 (http://www.awid.org/ : site des droits de la femme), ces femmes migrantes et leurs employeurs doivent signer un contrat de travail devant le notaire. Elles peuvent désormais remettre en cause ce contrat en cas de non-paiement de leur salaire, de violences, d’abus sexuels, ou si on leur impose une tâche pour laquelle elles n’ont pas été embauchées.

Traditionnellement, les employeurs libanais engageaient des jeunes femmes Palestiniennes, Syriennes ou Egyptiennes. De nos jours, les femmes arabes font rarement ce genre de travail au Liban — le considérant comme dégradant— le laissant plutôt aux travailleurs immigrés qui acceptent de pauvres conditions de vie et de bas salaires. Le nouveau contrat jette les bases d’une nouvelle relation entre l’employeur et la domestique. Ce contrat unifié est considéré comme une véritable avancée sur le plan de la défense des droits de cette main-d’œuvre étrangère car il instaure quelques garde-fous contre son exploitation.

Les domestiques qui immigrent au Liban sont couvertes par la Kafala : un système de parrainage qui stipule que les femmes doivent avoir un parrain légal pendant la durée de leur contrat. Cette clause oblige les immigrées à être dépendantes de leurs patrons et par conséquent, exposées à de mauvais traitements. N’ayant pas les mêmes droits que les citoyens ordinaires pour accéder aux diverses formes d’assistance publique, les immigrés ont le choix entre fuir et devenir illégales ou supporter les abus quotidiens. Malgré la pression des organisations internationales de travail, le gouvernement libanais n’avait jusqu'à maintenant rien fait pour régler le problème.

Au Liban, 380 agences spécialisées dans le recrutement des domestiques ont engagé plus de 150 000 personnes originaires principalement des Philippines, de l’Ethiopie et du Sri Lanka. Leur travail est clair : être domestique. Leur billet d’avion à destination du Liban est pris en charge. La durée du contrat est variable, elle peut aller de 2 à 6 ans voire plus. Il y a cependant des conditions : donner son passeport à son employeur, accepter de rester enfermée, n’avoir aucun contact avec sa famille et suivre un régime diététique draconien. Les agences de recrutement de Beyrouth les présentent comme des marchandises. Elles conseillent les employeurs en leur indiquant quelles sont les nationalités prétendument dociles ou au contraire « plus dures à mater ».

Selon le journal britannique Daily Star, une personne sur seize au Liban est une domestique étrangère. « Statistiquement, plus d’une domestique meurt au Liban chaque semaine» a déclaré Nadim Houry, directeur de recherche chez Human Rights Watch (HRW). «Beaucoup de domestiques sont littéralement obligées de sauter des balcons pour échapper à la séquestration » a déclaré HRW.

Aujourd’hui en cas de conflit entre l’employeur et la domestique, cette dernière a la possibilité d’avoir recours au ministère du Travail qui se déclare cependant souvent incompétent dans ce genre d’affaire car le code du travail ne s’applique qu’aux libanais et ne protège pas ces jeunes femmes.

dimanche 5 avril 2009

Compte-rendu du livre de Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde.


En 1932, Paul Nizan a écrit Les chiens de garde, l'expression qualifiant ces philosophes qui utilisaient leurs connaissances pour valoriser et protéger les décideurs et les puissants. En référence à cet essai, Serge Halimi a intitulé son livre Les nouveaux chiens de garde, car lui ne dénonce pas des philosophes mais une trentaine de journalistes. Les plus connus sont Patrick Poivre D'Arvor (PPDA), Claire Chazal, Michel Field, Jacques Attali, Christine Ockrent, Serge July, Alain Duhamel, Franz-Olivier Giesbert. En une centaine de pages, Serge Halimi, journaliste au Monde diplomatique, nous livre un brûlot décapant sur les pratiques d’une trentaine de journalistes de « connivence » et de « révérence » qui survivent à toutes les alternances politiques et industrielles. Sorte de nomenklatura médiatique qui se veut le gotha de la profession, ils ne sont que les haut-parleurs, les « nouveaux chiens de garde » du système dominant : « le marché ». Pour lui, ils forment une « société de cour et d'argent » qui pratique un « journalisme de marché » et relaie une pensée unique, néolibérale.

Dans cet ouvrage pamphlétaire, Serge Halimi s'en prend aux médias français qui se proclament « contre-pouvoir » mais qui en réalité ne sont que le jouet d'un journalisme de révérence, lui-même manipulé par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, et par des réseaux de connivence. La verve stimulante est appuyée par de nombreux exemples précis et imparables. Ces prises en flagrant délit donnent à l'ouvrage un puissant potentiel polémique et subversif. Cela fournis une arme efficace pour déconstruire l'hypocrisie médiatique et ses effets pervers. La plume de l'auteur est acérée, les exemples foisonnent, l'analyse est réussie même si quelques réserves peuvent être émises.

Toutefois pourquoi ce petit ouvrage de 145 pages a-t-il suscité un tel intérêt ? Serge Halimi y présente, en quatre courts chapitres mais trop denses, une analyse qu’on peut qualifier dans l’air du temps, de ce qu'il considère comme une collusion entre pouvoirs médiatique, politique et économique, à l'aide d'une étude qui se veut exhaustive sur la télévision et les grands journaux français. Il prétend aussi démonter le traitement parfois partial et complaisant de certains médias français vis-à-vis des sociétés qui en sont les actionnaires.

Il explique aussi le peu de cas fait aux mouvements sociaux, et la place prépondérante des faits divers dans les journaux télévisés. Il reprend la thèse selon laquelle « le fait divers fait diversion », selon la formule de Pierre Bourdieu, qui a préfacé ce livre. Les grands médias présentent alors l’actualité internationale et sociale sous forme d’une fable morale, à base d’affrontements binaires entre Bien (nous) et Mal (les autres), de portraits de grands hommes (tantôt héroïques, tantôt maléfiques), d’émotions successives propres à susciter la compassion unanime et le consensus apitoyé.

Dans son dernier chapitre, il souligne les connivences dans le milieu journalistique, facilitant les autopromotions. Les journalistes se comportent comme des «courtisans » avec les hommes politiques. Ils en taisent les secrets, font des interviews complaisantes et manipulent l'information dans le sens des politiques. Ils agissent ainsi par peur des représailles, mais surtout par amitié et/ou par intérêt financier et soif du pouvoir. En effet, c'est grâce aux politiques qu'ils obtiennent des sièges dans des commissions officielles ou sont nommés à la direction de grands médias.

Ils maintiennent à distance certains sujets pour mieux en matraquer d'autres, désinformer, moins par volonté de manipuler mais plus par paresse et par reddition devant l'idéologie néolibérale dominante. La collusion entre les intérêts des propriétaires de la presse française et le trust des trente journalistes qui en tiennent les rênes à coup de présence incessante, d'info-marchandise, de renvois d'ascenseurs et flatteries de courtisans, sape l'indépendance des journalistes fragilisés par la crainte du chômage. Leur rejet de tout ce qui pourrait les renvoyer à leur responsabilité propre de décideur est d’autant plus violent et sincère qu’ils ont intériorisé un système de valeur néolibéral accordant une place centrale à l’impulsion de l’entrepreneur.


Le refus d’une critique structurelle apparaît toutefois moins déconcertant quand on observe qu’il provient avant tout de journalistes occupant des positions de pouvoir ou de prestige, et bénéficiant d’une notoriété, lesquels peuvent ensuite se transformer en avantages financiers. L’ouvrage de Serge Halimi remet en cause l’ordre social capitaliste, ainsi pour être audible par les tenants du pouvoir médiatique, la critique doit ainsi donner à chacun la possibilité de s’en exclure

Cancer : d’important progrès dans la recherche.


La Société canadienne du cancer (SCC) lance du 2 au 5 avril 2009 sa campagne de collecte de fond intitulée, « les Jours de la jonquille ». Une véritable révolution s’opère dans les traitements contre le cancer. De meilleures perspectives de guérison et de survie, ainsi que l'individualisation des traitements, ont profondément modifié le champ des possibilités. Alors que les chercheurs tentent depuis des années à combattre le cancer où en est-on à l’heure actuelle ? Plusieurs évolutions ressortent dans l’actualité : des découvertes dans la lutte du cancer des fumeurs, la diminution des risques de cancer chez les femmes, ou encore des vaccins contre le cancer de la peau et du col de l’utérus.

Aujourd’hui les chances de guérir d'un cancer atteignent plus de 50%, avec pour certains cancer, comme le cancer du testicule, des guérisons presque totales. Pourtant, malgré les progrès continus faits en matière de traitement, de détection et de prévention, cette maladie véhicule encore beaucoup de peur et reste crainte par la majorité des malades.

Ces dernières années, il y a eu trois grands types de progrès contre les cancers : les avancées dans le domaine de la prévention ; celles en matière de dépistage précoce et des progrès dans le traitement grâce à la chirurgie, à la radiothérapie et aux chimiothérapies anticancéreuses. En prévention, est apparu en 2006 le vaccin contre le cancer du col de l'utérus, maladie qui est la deuxième cause de mortalité féminine (chaque année dans le monde, près de 230 000 décès). Concernant les traitements, il y a eu, l'apparition des thérapies ciblées, qui sont des actions plus précise contre les cellules tumorales, avec moins d’effets secondaires pour le patient.

Plus d’une personne sur trois (39 % des Canadiennes et 44 % des Canadiens) développera un cancer au cours de sa vie. On estime aussi que 24 % des Canadiennes et 29 % des Canadiens, soit environ une personne sur quatre, mourront des suites du cancer. Malgré ce lot d'inquiétudes, il existe une lueur d'espoir car au moins 50 % des cas de cancer pourraient être évités par l'adoption de saines habitudes de vie et par la mise en œuvre de politiques de santé publique. On pourrait réduire d’environ un tiers la charge du cancer par le dépistage et le traitement précoce des cas. L’objectif est d’intervenir pendant que le cancer est encore localisé, avant qu’il n’y ait une migration de cellules cancéreuses, issues d’un organe vers un autre : c’est ce qu’on appelle les métastases. Cependant les besoins médicaux dans ce domaine restent immenses.

Le traitement du cancer a pour but de guérir, de prolonger la vie et d'améliorer la qualité de vie des patients. Récemment, d'importantes avancées en médecine nucléaire (injection de substance radioactive dans le corps du patient) et dans les technologies d'imagerie ont rendu possible des approches spécialisées. Ces nouvelles technologies permettent de déceler les petites tumeurs plus tôt dans la maladie, en utilisant des rayonnements à haute énergie pour détruire les lésions cancéreuses dans le corps. Les soins palliatifs permettent également, de soulager la douleur et d'autres problèmes pour plus de 90% des malades du cancer. Ainsi, le taux de guérison est élevé lorsque la maladie est décelée suffisamment tôt et soignée selon les meilleurs moyens disponibles.

La Société canadienne du cancer, souhaite rappeler à tous que le mois d’avril est le mois du cancer au Canada. Dès lors, plus de 2 millions de jonquilles seront vendues aux 2600 kiosques à travers le Québec. Des bouquets de 3 et 10 fleurs seront vendus respectivement 5$ et 10$. Ainsi l'argent recueilli par la vente des jonquilles, fleur jaune au couleur de l’espoir, servira directement à financer des projets de recherche. Aussi à fournir des services et du soutien aux personnes atteintes de cancer. La SCC fait également la promotion de l’importance d’une bonne hygiène de vie : avoir une alimentation équilibrée, faire une activité une physique, et combattre le tabagisme.

Le cancer demeure la première cause de mortalité au Québec et touche les gens de tous âges. Des avancées donc notables en matière de recherche, il reste néanmoins à entreprendre pour élucider les mécanismes biologiques impliqués dans le déclenchement des maladies cancérigènes.

samedi 28 mars 2009

Le perpétuel combat contre les nids-de-poule est lancé à Montréal.


Avec le retour du temps doux, les automobilistes québécois sont confrontés aux nids-de-poule, ennemis de nos roues! Ils défigurent les rues de la ville au point que certaines ont l'air d'avoir été bombardées. Ils expliquent plusieurs visites chez le garagiste et prouesses automobiles pour les esquiver. Le contraste entre le froid hivernal et la température printanière, bien connu du Québec, offre les conditions idéales à la prolifération de nids-de-poule, puisque le gel et le dégel malmènent durement le bitume. Mais qui n’a, il faut bien le dire, pas été suffisamment pris au sérieux par les précédents gouvernements en place au Québec. Ainsi, ce sont toutes les routes de Montréal et des autres villes les plus touchées du Québec qu’il faudrait refaire au complet. Et évidemment, ça coûte bien trop cher, donc en attendant, on « patche ».

Le Jeudi 12 mars 2009, le responsable des infrastructures routières à la Ville de Montréal, Monsieur Sammy Forcillo, a fait une conférence de presse pour annoncer que l’offensif nid-de-poule bat actuellement son plein à Montréal. Dans le communiqué publié, on remarque qu'aucune stratégie nouvelle n'ait été proposée ni qu'aucune injection supplémentaire d'argent n'ait été effectuée.

Pour l'aider dans son offensive, la Ville de Montréal demande l'aide des citoyens. Ceux et celles qui désirent signaler la présence d'un nid-de-poule ou d'une large fissure dans la chaussée sont invités à appeler au 3-1-1. Ce service servira désormais à centraliser toutes les plaintes liées aux nids-de-poule en un seul endroit, ce qui permettra selon la ville une intervention plus rapide, «C'est pourquoi notre administration met tous les efforts nécessaires afin de venir à bout de ce fléau. D'ailleurs, nos effectifs sillonnent depuis décembre dernier les artères de la ville afin de réparer les chaussées endommagées» soutient-il.

Il rappelle aussi que les employés d'arrondissement ainsi que des firmes privées s'affairent en ce moment à enrayer les nids-de-poule par trois méthodes, soit le remplissage mécanisé, le remplissage manuel et le resurfaçage de la chaussée. «Depuis l'an passé, ce sont 17,5 M$ qui ont été investis dans la prévention et le colmatage des nids-de-poule» a affirmé le responsable des infrastructures. «Ce sont 650,5 M$ qui auront été investis par l'Administration municipale, ces quatre dernières années, pour le programme de réfection des routes, des trottoirs, des ponts, des viaducs et des feux de circulation» ajoute Sammy Forcillo

Pour l'Opposition officielle, cela démontre une fois de plus le manque d'imagination de l'administration pour remédier à des problèmes récurrents. "Pourquoi la ville d'Ottawa a-t-elle fait appel à une nouvelle méthode plus efficace et plus durable, le recycleur d'asphalte, pour combattre les nids-de-poule, alors que Montréal ne dispose pas d'une telle technologie pour l'ensemble de son territoire ?", a indiqué le chef de l'Opposition officielle de la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté. En effet, la Ville d’Ottawa utilise différents matériaux pour remplir et réparer les nids de poules en fonction de la météo. Actuellement, la Ville fait l’essai d’un recycleur d’asphalte distribué par une entreprise de Kitchener, en Ontario. A partir d’asphalte recyclé, l’appareil produit un mélange chaud utilisé pour boucher les trous. En recyclant ainsi l’asphalte, l’appareil permet de diminuer l’empreinte écologique des travaux de réparation, mais aussi de réduire les coûts et d'éviter que de l'asphalte durci se retrouve au dépotoir.



Benoit Labonté, mentionne "qu'il est dans l'intérêt de tous les Montréalais qu'une administration proactive trouve rapidement des moyens plus durables et efficaces pour combattre les "nids d'autruche". Par ailleurs, Annie Samson, leader de l'Opposition officielle et maire de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, se montre très étonnée du manque d'investissements accordés à ces aberrations urbaines. « Sur des investissements de près de 200 millions dans le Programme de réfection routière de la Ville de Montréal en 2008, on voit bien que les nids-de-poule ne sont pas une priorité pour le maire Tremblay », a affirmé Annie Samson. Si la Ville s'attaque aux nids-de-poule des grandes artères, chaque arrondissement est responsable de faire la guerre aux trous sur son territoire.

Peut-on en empêcher l'apparition? Pour qu'il n'y ait pas de nids-de-poules, il faudrait l'une des trois choses suivantes : pas d'infiltration d'eau, des routes toujours neuves... ou pas d'hiver! Les entrepreneurs membres de Bitume-Québec respectent des normes très strictes lorsqu'ils construisent les chaussées. Les revêtements bitumineux sont conçus pour être étanches et drainer efficacement les surfaces. Toutefois ces bonnes pratiques ne peuvent que retarder l'apparition de la désintégration de surface puisqu'il est à toute fin pratique impossible d'empêcher complètement l'infiltration d'eau avec les années, lorsque l'entretien est insuffisant. Avoir des pavages neufs, continuellement renouvelés et entretenus régulièrement, serait la meilleure option. Cependant, pour prolonger la vie utile des chaussées il faudrait des investissements importants et des considérations budgétaires.

Comment répare-t-on les nids-de-poules? On peut procéder à une rapide réparation temporaire (dans le cas de gros trous ou encore sur des voies très vivantes) ou effectuer une réparation plus permanente lorsque le temps ou la situation le permettent. Dans le cas des réparations temporaires (dont la durée de vie peut varier de quelques semaines à 2 ans), on procède peu importe la température extérieure. On utilise un produit de remplissage à base de bitume. Après avoir nettoyé la cavité pour enlever eau, glace et débris on remplit et compacte le matériel de remplissage. Dans le cas des réparations permanentes (durée de vie de cinq ans et plus) on va aller plus en profondeur et couvrir une surface plus grande que celle du nid-de-poule. La température extérieure doit être assez clémente (+ 10 degrés). Ensuite on refera les différentes couches de la chaussée pour terminer par un enrobé bitumineux à chaud.

Mais le pire, c'est que, s'ils endommagent les pneus, la suspension ou d'autres parties de notre véhicule, on ne peut pas poursuivre la ville où ils se trouvent. Les villes sont protégées par la loi contre ce type de poursuite. Cependant on peut poursuivre une municipalité et gagner sa cause, même si la loi la protège. L’article 604.1 de la Loi sur les cités et villes stipule: « La municipalité n'est pas responsable des dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus ou au système de suspension d'un véhicule automobile ». L'article 604.1 restreint donc les droits des citoyens, ainsi cela crée un déséquilibre entre le citoyen et les municipalités. Les juges l'interprètent de façon restrictive, et plusieurs ont tendance à rétablir l'équilibre pour le citoyen.

Si le citoyen est capable de démontrer que ce nid-de-poule existe depuis déjà plusieurs jours, que la Ville n'a pas fait d'entretien, n'a pas mis de signalisation, à ce moment-là, la Ville sera tenue pour responsable à la Cour des petites créances. Il s'agit donc de prouver qu'une municipalité a été négligente. Comment y arriver? Le fardeau de la preuve appartient donc à l’automobiliste, qui doit se démener corps et âme et sans aucune garantie de succès, pour réussir à démontrer à l’institution à laquelle il réclame un remboursement du préjudice subi. Il faut avoir des photos du nid-de-poule, le situer dans son environnement. Mesurer sa profondeur, sa largeur pour montrer que c'est un nid-de-poule important. Et pour prouver depuis combien de temps un nid-de-poule existe, on peut demander à la Ville elle-même. Il suffit en effet, de lui envoyer une lettre disant que l'on veut avoir tous les registres de signalement de nids-de-poule pour une période donnée. Des renseignements qu'elle est obligée de fournir. On peut aussi consulter les sites Internet qui font l'inventaire des nids-de-poule, comme celui de l'Association canadienne des automobilistes (CAA).

Toutefois une question se pose, d'où vient ce fameux article 604.1 qui limite vos droits? Au début des années 90, c'était « une façon de faire plaisir aux villes sans que ça coûte quelque chose au gouvernement ». C'est ce qu'a affirmé à La facture l'ancien chef de cabinet de l'ex-ministre Claude Ryan. À l'époque, Québec avait piochée dans la cour des municipalités le financement de la voirie, des services de police et du transport en commun. Les villes étaient de très mauvais poil, il fallait les apaiser.

Mais que faire si l’inévitable se produit? Il est préférable de réduire sa vitesse avant l’impact, de conserver sa direction et de tenir fermement le volant. Cela pourrait occasionner le blocage des roues et entraîner davantage de dommages. Changer brusquement de direction pourrait causer un accident ou même une perte de maîtrise. Les automobilistes qui s’estiment lésés ont 15 jours après l’accident pour annoncer leur intention de réclamer les coûts de réparation auprès du greffier municipal.

L’audiovisuel public français sous contrôle de l’exécutif


Le programme de réforme de la télévision française publique du président Sarkozy est en train de se réaliser. Il s’agit de renforcer son contrôle sur celle-ci, il est vu par beaucoup de commentateurs dont Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris-I et Alain Duhamel, journaliste à Libération et RTL, comme une atteinte à l’indépendance éditoriale par rapport à l’Etat.

Pour assurer une plus grande autonomie par rapport aux publicitaires, la loi de communication audiovisuelle prévoit la suppression de la publicité. Pour Alain Duhamel, cette réforme constitue « une chance de ressusciter les programmes éclectiques, inventifs, séduisants et parfois prestigieux », dès lors, « la suppression de la publicité peut donc devenir une chance pour la télévision publique ».

Autre grande axe de la réforme concerne, la nomination du Président du groupe France télévisions, qui sera dorénavant nommé et congédié par le président de la République, sur avis du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Pour Marie-Anne Cohendet, « Cette réforme s’inscrit dans un mouvement général de concentration des pouvoirs dans les mains du Président. » Il parait dès lors possible de voir émerger une télévision dont la ligne éditoriale serait unique et à la botte du gouvernement, ainsi « elle redevient donc intégralement soumise sur le plan financier au bon vouloir et à la bonne foi du gouvernement, donc du pouvoir politique » nous avertis Alain Duhamel.

La solution à envisager serait de prendre exemple sur la télévision publique britannique qui est exclusivement financée par les fonds publics, sa charte fondatrice lui assure une indépendance totale par rapport au gouvernement. Comme le souligne Alain Duhamel, « il faut pousser la réforme jusqu’au bout de sa logique : faire désigner le président de France Télévisions par un collège réellement indépendant comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne, par des instances insoupçonnables... à défaut, il n’y aura qu’une demi-réforme. »

François Yo Gourd : pour l’imaginaire au pouvoir.


François Yo Gourd, l’autoproclamé roi du Plateau du Mont-Royal, c’est tout un numéro. Inclassable même dans son genre. Aujourd’hui œuvrant pour le Parti fédéral Néorhino.ca, c’est désormais par le biais de la politique qu’il souhaite réveiller l’ensemble du Canada. François Yo Gourd annonce la tenue du Symfolium, sorte de congrès où l'on rend hommage à la folie, le 1er avril 2009, au Lion d'Or à Montréal. Pour sa dixième année, le Symfolium aura pour thème Cubec, fusion virtuelle du Québec et de Cuba pour rendre « un hommage ludique aux 50 ans de la Révolution ». La soirée sera selon Monsieur Yo Gourd, sous la présidence d'honneur de Mme l'Ambassadrice de Cuba à Ottawa, Teresita Vicente Sotolongo.

D’entrée de jeu, lors de la conférence de presse organisée le Mercredi 4 mars 2009 à l’Université de Montréal, il crée une proximité avec les étudiants en certificat en journalisme. En débarquant vêtu d’un de ses vestons bariolés et en scandant haut et fort les bienfaits de la folie. François Yo Gourd fait profession d'être idiot et se décrit comme un « foulosophe » née d’une union entre la folie et la philosophie et un « niaisologue » c’est-à-dire un idiot professionnel. Il se prétend aussi « thérapeupeute », en qualité duquel il propose des ateliers à ne rien faire pour gens trop occupés et des ateliers pour rire et faire rire, car « le rire et le jouir ont trop été attaqués dans l’Histoire », dit-il.

Le Symfolium 2009 sera donc un hommage à Cuba. Le chef du Parti Neorhino.ca souhaite la création de Cubec Libre, pays virtuel formé par l'union de Cuba et du Québec car, « ils sont plein de médecins compétents et nous sommes plein de malades incompétents... ». Mais François Yo Gourd explique qu’il n’appuie pas la dictature castriste mais uniquement le peuple cubain, qui a su selon lui, se soulever contre le joug américain lors de la baie des cochons en 1959. « Une manière humoristique d’approcher la politique, en jouant avec la diplomatie », toutefois François Yo Gourd reconnait qu’il « ne dénonce pas de front le régime cubain », mais souligne seulement certains faits. Ainsi l’aboutissement de ce projet serait de mettre sur pied un grand Symfolium d'une dizaine de jours, en 2011 à Cuba.

Il a déclaré que le nom du parti provenait de l'ancien parti Rhinocéros du Canada, également connu sous le nom de Parti Rhino. Ce parti politique enregistré, au Canada, des années 1960 aux années 1990, fonctionnait dans la tradition canadienne de satire politique. Le crédo de base du parti de Rhinocéros était « De ne jamais tenir ses promesses électorales », bien qu'en fait, conçus pour amuser et offrir un divertissement aux électeurs. Le parti Rhino a été établi en 1963 par le docteur Jacques Ferron, un auteur souverainiste.

En 2006, il crée le Parti néo-rhino.ca, d'inspiration marxiste-lennoniste, de Groucho Marx et John Lennon. La création du parti est attribuable selon lui par l'absence de rire et d'humour sur la scène politique canadienne. L’idéologie du parti est basée sur la « rigolothérapie » pour résoudre les conflits dans le monde, avec comme devise « tu fais la politique que tu veux ! ». Il existe deux courants au sein du parti neorhino.ca : les cohérents et les incohérents, ainsi tous ceux qui ne se sentent pas appelé par les autres partis politiques peuvent prendre part à leur aventure. La volonté de François Yo Gourd est de réussir à faire participer 40% de la population qui ne va plus voter.


Le foulosophe dénonce également l'absurdité et la mauvaise gestion des questions primordiales dans une société moderne comme la nôtre. Ainsi dans son programme, le parti Néorhino.ca propose, l’abolition du budget militaire, les abris fiscaux contre les dirigeants véreux et enfin l’abolition du gouvernement central du Canada afin de transférer l’argent principalement à l’éducation, à la santé, à la culture et au social.

François Yo Gourd est finalement un clown, un foulosophe, un multiindisciplinable. Essayant de vivre une vie la moins chère possible, et en réclamant tout simplement, l'imaginaire au pouvoir.

Crise politique en Italie autour de l'euthanasie


Eluana Englaro, âgée de 38 ans, était maintenue dans un état végétatif irréversible depuis l'accident de la route qui l'a plongée dans le coma en janvier 1992, à l'âge de 20 ans. Le 3 février dernier, conformément à une décision de justice autorisant les médecins à la "débrancher", la jeune femme avait été transférée dans une clinique acceptant de mettre en œuvre ce droit à mourir sur fond de débat entre partisans et opposants de l'euthanasie. Elle est décédée le 9 février, alors que les sénateurs examinaient un projet de loi visant à interdire de cesser d'alimenter un patient.

La jeune femme s'est retrouvée ces derniers mois au cœur d'un intense débat, politique et judiciaire, devenant le symbole de la lutte pour le droit à mourir. Fin 2007, la Cour de cassation avait renvoyé la décision de suspendre les soins devant la cour d'appel de Milan qui l'a jugée recevable huit mois plus tard. La Cour constitutionnelle a entériné cette décision l'été dernier en vertu de l'article 32 de la Constitution qui précise : «Personne ne saurait être contraint à suivre un traitement sanitaire.» La famille a définitivement obtenu gain de cause par un arrêt de la Cour de cassation le 13 novembre dernier. Malgré cette décision, le ministre des Affaires sociales, Maurizio Sacconi, a adressé en décembre une mise en garde aux établissements qui accepteraient d'accueillir Eluana et promulgué une ordonnance interdisant aux hôpitaux publics de suspendre les soins. En dépit des multiples pressions de l'Église, du Vatican et du gouvernement, la clinique d'Udine, spécialisée dans les soins à des personnes en situation désespérée, s'est déclarée en janvier disposée à recevoir la malade.

Le cas d'Eluana a divisé le pays, en une ligne de fracture qui traverse tous les partis politiques. L'Eglise et le Vatican s'opposent au combat du père de la jeune femme, Beppino, qui, depuis dix ans, souhaite qu'on la laisse mourir.

Pour "sauver" Eluana Englaro, Silvio Berlusconi était prêt à une crise politique. La bataille politique a même atteint le sommet de l'Etat. Dans un rare conflit institutionnel, le président italien Giorgio Napolitano a refusé de signer le décret pris en urgence le vendredi 6 février par le gouvernement en vue d'interdire aux médecins de suspendre l'alimentation des patients à des fins d'euthanasie.

Du coup, le gouvernement a eu l'intention de passer outre ce refus présidentiel en transformant son décret en projet de loi et en le faisant voter en procédure accélérée, dans les jours qui ont suivis, par le Parlement. Si Giorgio Napolitano a refusé de signer le décret d'urgence, adopté par l’exécutif Berlusconi et qui vise à interrompre le processus devant mettre fin à la vie végétative d’Eluana Englaro, c’est parce qu’il l’a jugé inconstitutionnel, car elle annule une décision des plus hauts magistrats du pays.

Dans l'histoire de la République, cet acte ne s'est produit qu'à cinq reprises. C'est l'un des seuls droits dont dispose le président avec celui de nommer le président du Conseil et de dissoudre les assemblées. L'opposition est aussi venue au secours de M. Napolitano, en qui elle voit un rempart contre la volonté de pouvoir de M. Berlusconi et contre l'influence du Vatican et de l'Eglise dans le débat public.

Silvio Berlusconi a estimé que l'interruption progressive de l'alimentation et de l'hydratation de la jeune femme, justifiait une telle décision d'urgence. Le décret, précise que toute mesure entraînant une euthanasie doit être suspendue "dans l'attente de l'approbation d'une législation complète en matière de fin de vie".

Mais le président du Conseil, fortement encouragé par le Vatican, a envisagé de réunir en urgence le Parlement, pour modifier la Constitution, afin d’instituer une loi qui ordonnerait qu’Eluana soit maintenue en vie. Il devra cependant faire ses comptes avec l’opposition et les associations de citoyens qui sont en train d’organiser différentes manifestations pour protester « contre ces choix qui détruisent certains piliers fondamentaux de le démocratie républicaine. »

Silvio Berlusconi, se positionnant comme un "père avant tout", n’a pas hésiter donc, pour "préserver la vie", à tordre les règles applicables en matière de séparation des pouvoirs et d'adoption des textes législatifs et règlementaires « pénible bureaucratie » et à ignorer une décision judiciaire devenue définitive « une sentence de condamnation à mort ». Le chef de gouvernement a qualifié l'opposition politique de « porteuse d'une culture de la mort », à défier un Président de la République garant de l’ordre et enfin, à annoncer sa claire volonté de changer la Constitution « d'inspiration soviétique » pour pouvoir « mieux gouverner ». Cette crise politique -l'opposition dénonçant l'autoritarisme du gouvernement- s'est doublée d'un débat sur l'opportunité pour le Vatican de se ranger aussi ouvertement aux côtés de Silvio Berlusconi.

Plusieurs obstacles se sont multipliés depuis. Des régions, comme la Lombardie, ont refusé d'accueillir Eluana dans une structure adaptée. Le ministre de la santé a menacé de couper les vivres des centres de soins qui accepteraient de se livrer à ce qu'il considère comme un "assassinat". L'Eglise catholique avait jeté tout son poids dans la bataille pour empêcher ce qu'elle considérait comme une euthanasie et un homicide.

Le pape Benoît XVI a souligné que l'euthanasie est une "fausse solution au drame de la souffrance" et qu'il s'agit d'un acte "indigne de l'homme". Le cardinal Javier Lozano Barragan, président du conseil pontifical pour les opérateurs sanitaires du Vatican, a réagi au transfert d'Eluana, lançant un appel pour que soit arrêté «cet abominable assassinat». Le ministre de la santé italien, Maurizio Sacconi, a fait savoir que le gouvernement était "en train d'évaluer la conformité de la maison de repos et les modalités d'hospitalisation d'Eluana pour son 'dernier voyage'.

En Italie, pays de forte tradition catholique, la question de l'euthanasie divise fortement la société. Si le « suicide assisté » (l'euthanasie active) est sévèrement puni par la loi, l'euthanasie « passive » est en revanche officieusement tolérée. En l’absence de tout cadre juridique, l’interruption du traitement thérapeutique d’un malade est toutefois acceptée : un malade conscient peut ainsi demander la fin de l’acharnement thérapeutique ou la suspension des soins. Cet épisode a ainsi largement divisé l'opinion publique : 47% des Italiens, selon le politologue Renato Mannhiemer, étaient favorables à l'arrêt des soins. Autant étaient d'un avis contraire et 6% ne se prononçaient pas.

Sur Internet, les blogs internationaux et en particuliers italiens retentissent des échos d'un vif débat avant tout politique. Un post publié sur Blogitalia par l'internaute le « pro-vie » Davide Rosato l'été dernier alors qu'il était établi qu'Eluana ne se réveillerait pas, demande: « Comment ne pas se rebeller face à la volonté d'un Etat qui tue l'espérance humaine, même si elle est très faible? ». Dans une tirade aux forts accents pro-vie, l'auteur rappelle qu'Eluana « va mourir de faim et de soif », si ses parents obtiennent le droit de la débrancher, avant d'enjoindre le peuple italien à prier pour elle, pour qui "tout n'est pas perdu grâce à Dieu".

Beppe Grillo, un comique, comédien et bloggueur italien dont le blog est l'un des plus lus en Italie (il est classé parmi les 20 les plus populaires au monde), relève mardi 10 février qu' Eluana n'est qu'un prétexte pour faire du business et imprimer des journaux, pour multiplier des immunités et pour bousculer une nouvelle fois le système judiciaire ».
Dans un précédent post, publié avant la mort de la jeune femme, il dénonce l'instrumentalisation de son histoire pour « démoraliser encore le président et pour mettre à mal son rôle de garant de la Constitution ». Il souligne l'ambition démesurée de Silvio Berlusconi qui essaie, par la maîtrise de ce dossier dramatique, d'utiliser le débat autour de l'euthanasie pour écarter ses adversaires politiques et pour s'attacher l'approbation de l'électorat et des soutiens catholiques. Il qualifie même l'affaire Eluana de simple « divertissement pour les masses ».

Dans d'autres pays européen aussi, le sujet divise la société, comme le montrent les législations, très disparates, des uns et des autres.
Aux Pays-Bas et en Belgique, qui font figure de précurseurs, les médecins prêts à aider leurs patients incurables à mourir ne sont plus passibles de poursuites judiciaires depuis 2002. Sous réserve de respecter de strictes conditions, sous l'œil vigilant de commissions de contrôle des demandes des malades. Le Luxembourg vient de leur emboîter le pas : en février, les députés ont adopté la légalisation de l'euthanasie active. En Suisse, l'aide au suicide est légale : un praticien peut fournir une potion létale à un patient condamné.
Au Danemark, comme en Norvège, Allemagne, Finlande, Hongrie et Espagne, la loi a instauré un droit au « laisser-mourir » (l'arrêt des soins). Les Danois et les Espagnols ont, en prime, la possibilité de rédiger leurs dernières volontés médicales, que les médecins sont tenus de respecter. En Grande-Bretagne, la loi reconnaît la validité des directives anticipées rédigées par les patients : chacun peut refuser un traitement, dût-il en décéder. L'aide au suicide, en revanche, reste un homicide.
En France, Chantal Sébire, décédée le 19 mars 2008, avait demandé en vain une euthanasie active que la loi française interdit.

Certains militants anti-euthanasie ont laissé entendre que la mort de la jeune femme avait été accélérée par des sédatifs au moment où les parlementaires semblaient en passe d'adopter un projet qui aurait imposé qu'on recommence à l'alimenter.
Des militants catholiques ont réclamé une enquête approfondie sur les circonstances de sa mort. La plupart des experts avaient dit s'attendre à ce qu'elle survive deux semaines sans nourriture.

Les résultats préliminaires d'une autopsie de son corps montrent qu'elle a succombé à un arrêt cardio-respiratoire dû à la déshydratation, n'a mis en évidence aucun signe de manipulation illégale malgré les soupçons exprimés par certains, a-t-on fait savoir à Udine de source policière.
Le procureur régional Beniamino Deidda a déclaré à la presse que la cause du décès correspondait à ce qui était attendu en conséquence de sa privation de nourriture et d'eau.

Souffrances infinies d'un père aimant devenu figure médiatique, objet de polémiques sans fin, de prises de position extrêmes. De manifestations de réprobation publique ou de soutien affiché, d'appels vibrants du pape et d’une Eglise bien présents dans la vie quotidienne et politique d’un Etat souverain comme l'Italie, le cas Eluana n’a pas vraiment réglé la question de l’euthanasie.

Majorité et opposition au Sénat italien ont cependant réussi à se mettre d'accord sur la nécessité d'aboutir dans les prochaines semaines à un vote sur une loi régissant la fin de vie.