samedi 28 mars 2009

Le perpétuel combat contre les nids-de-poule est lancé à Montréal.


Avec le retour du temps doux, les automobilistes québécois sont confrontés aux nids-de-poule, ennemis de nos roues! Ils défigurent les rues de la ville au point que certaines ont l'air d'avoir été bombardées. Ils expliquent plusieurs visites chez le garagiste et prouesses automobiles pour les esquiver. Le contraste entre le froid hivernal et la température printanière, bien connu du Québec, offre les conditions idéales à la prolifération de nids-de-poule, puisque le gel et le dégel malmènent durement le bitume. Mais qui n’a, il faut bien le dire, pas été suffisamment pris au sérieux par les précédents gouvernements en place au Québec. Ainsi, ce sont toutes les routes de Montréal et des autres villes les plus touchées du Québec qu’il faudrait refaire au complet. Et évidemment, ça coûte bien trop cher, donc en attendant, on « patche ».

Le Jeudi 12 mars 2009, le responsable des infrastructures routières à la Ville de Montréal, Monsieur Sammy Forcillo, a fait une conférence de presse pour annoncer que l’offensif nid-de-poule bat actuellement son plein à Montréal. Dans le communiqué publié, on remarque qu'aucune stratégie nouvelle n'ait été proposée ni qu'aucune injection supplémentaire d'argent n'ait été effectuée.

Pour l'aider dans son offensive, la Ville de Montréal demande l'aide des citoyens. Ceux et celles qui désirent signaler la présence d'un nid-de-poule ou d'une large fissure dans la chaussée sont invités à appeler au 3-1-1. Ce service servira désormais à centraliser toutes les plaintes liées aux nids-de-poule en un seul endroit, ce qui permettra selon la ville une intervention plus rapide, «C'est pourquoi notre administration met tous les efforts nécessaires afin de venir à bout de ce fléau. D'ailleurs, nos effectifs sillonnent depuis décembre dernier les artères de la ville afin de réparer les chaussées endommagées» soutient-il.

Il rappelle aussi que les employés d'arrondissement ainsi que des firmes privées s'affairent en ce moment à enrayer les nids-de-poule par trois méthodes, soit le remplissage mécanisé, le remplissage manuel et le resurfaçage de la chaussée. «Depuis l'an passé, ce sont 17,5 M$ qui ont été investis dans la prévention et le colmatage des nids-de-poule» a affirmé le responsable des infrastructures. «Ce sont 650,5 M$ qui auront été investis par l'Administration municipale, ces quatre dernières années, pour le programme de réfection des routes, des trottoirs, des ponts, des viaducs et des feux de circulation» ajoute Sammy Forcillo

Pour l'Opposition officielle, cela démontre une fois de plus le manque d'imagination de l'administration pour remédier à des problèmes récurrents. "Pourquoi la ville d'Ottawa a-t-elle fait appel à une nouvelle méthode plus efficace et plus durable, le recycleur d'asphalte, pour combattre les nids-de-poule, alors que Montréal ne dispose pas d'une telle technologie pour l'ensemble de son territoire ?", a indiqué le chef de l'Opposition officielle de la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté. En effet, la Ville d’Ottawa utilise différents matériaux pour remplir et réparer les nids de poules en fonction de la météo. Actuellement, la Ville fait l’essai d’un recycleur d’asphalte distribué par une entreprise de Kitchener, en Ontario. A partir d’asphalte recyclé, l’appareil produit un mélange chaud utilisé pour boucher les trous. En recyclant ainsi l’asphalte, l’appareil permet de diminuer l’empreinte écologique des travaux de réparation, mais aussi de réduire les coûts et d'éviter que de l'asphalte durci se retrouve au dépotoir.



Benoit Labonté, mentionne "qu'il est dans l'intérêt de tous les Montréalais qu'une administration proactive trouve rapidement des moyens plus durables et efficaces pour combattre les "nids d'autruche". Par ailleurs, Annie Samson, leader de l'Opposition officielle et maire de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, se montre très étonnée du manque d'investissements accordés à ces aberrations urbaines. « Sur des investissements de près de 200 millions dans le Programme de réfection routière de la Ville de Montréal en 2008, on voit bien que les nids-de-poule ne sont pas une priorité pour le maire Tremblay », a affirmé Annie Samson. Si la Ville s'attaque aux nids-de-poule des grandes artères, chaque arrondissement est responsable de faire la guerre aux trous sur son territoire.

Peut-on en empêcher l'apparition? Pour qu'il n'y ait pas de nids-de-poules, il faudrait l'une des trois choses suivantes : pas d'infiltration d'eau, des routes toujours neuves... ou pas d'hiver! Les entrepreneurs membres de Bitume-Québec respectent des normes très strictes lorsqu'ils construisent les chaussées. Les revêtements bitumineux sont conçus pour être étanches et drainer efficacement les surfaces. Toutefois ces bonnes pratiques ne peuvent que retarder l'apparition de la désintégration de surface puisqu'il est à toute fin pratique impossible d'empêcher complètement l'infiltration d'eau avec les années, lorsque l'entretien est insuffisant. Avoir des pavages neufs, continuellement renouvelés et entretenus régulièrement, serait la meilleure option. Cependant, pour prolonger la vie utile des chaussées il faudrait des investissements importants et des considérations budgétaires.

Comment répare-t-on les nids-de-poules? On peut procéder à une rapide réparation temporaire (dans le cas de gros trous ou encore sur des voies très vivantes) ou effectuer une réparation plus permanente lorsque le temps ou la situation le permettent. Dans le cas des réparations temporaires (dont la durée de vie peut varier de quelques semaines à 2 ans), on procède peu importe la température extérieure. On utilise un produit de remplissage à base de bitume. Après avoir nettoyé la cavité pour enlever eau, glace et débris on remplit et compacte le matériel de remplissage. Dans le cas des réparations permanentes (durée de vie de cinq ans et plus) on va aller plus en profondeur et couvrir une surface plus grande que celle du nid-de-poule. La température extérieure doit être assez clémente (+ 10 degrés). Ensuite on refera les différentes couches de la chaussée pour terminer par un enrobé bitumineux à chaud.

Mais le pire, c'est que, s'ils endommagent les pneus, la suspension ou d'autres parties de notre véhicule, on ne peut pas poursuivre la ville où ils se trouvent. Les villes sont protégées par la loi contre ce type de poursuite. Cependant on peut poursuivre une municipalité et gagner sa cause, même si la loi la protège. L’article 604.1 de la Loi sur les cités et villes stipule: « La municipalité n'est pas responsable des dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus ou au système de suspension d'un véhicule automobile ». L'article 604.1 restreint donc les droits des citoyens, ainsi cela crée un déséquilibre entre le citoyen et les municipalités. Les juges l'interprètent de façon restrictive, et plusieurs ont tendance à rétablir l'équilibre pour le citoyen.

Si le citoyen est capable de démontrer que ce nid-de-poule existe depuis déjà plusieurs jours, que la Ville n'a pas fait d'entretien, n'a pas mis de signalisation, à ce moment-là, la Ville sera tenue pour responsable à la Cour des petites créances. Il s'agit donc de prouver qu'une municipalité a été négligente. Comment y arriver? Le fardeau de la preuve appartient donc à l’automobiliste, qui doit se démener corps et âme et sans aucune garantie de succès, pour réussir à démontrer à l’institution à laquelle il réclame un remboursement du préjudice subi. Il faut avoir des photos du nid-de-poule, le situer dans son environnement. Mesurer sa profondeur, sa largeur pour montrer que c'est un nid-de-poule important. Et pour prouver depuis combien de temps un nid-de-poule existe, on peut demander à la Ville elle-même. Il suffit en effet, de lui envoyer une lettre disant que l'on veut avoir tous les registres de signalement de nids-de-poule pour une période donnée. Des renseignements qu'elle est obligée de fournir. On peut aussi consulter les sites Internet qui font l'inventaire des nids-de-poule, comme celui de l'Association canadienne des automobilistes (CAA).

Toutefois une question se pose, d'où vient ce fameux article 604.1 qui limite vos droits? Au début des années 90, c'était « une façon de faire plaisir aux villes sans que ça coûte quelque chose au gouvernement ». C'est ce qu'a affirmé à La facture l'ancien chef de cabinet de l'ex-ministre Claude Ryan. À l'époque, Québec avait piochée dans la cour des municipalités le financement de la voirie, des services de police et du transport en commun. Les villes étaient de très mauvais poil, il fallait les apaiser.

Mais que faire si l’inévitable se produit? Il est préférable de réduire sa vitesse avant l’impact, de conserver sa direction et de tenir fermement le volant. Cela pourrait occasionner le blocage des roues et entraîner davantage de dommages. Changer brusquement de direction pourrait causer un accident ou même une perte de maîtrise. Les automobilistes qui s’estiment lésés ont 15 jours après l’accident pour annoncer leur intention de réclamer les coûts de réparation auprès du greffier municipal.

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