samedi 17 décembre 2011

Révolution Tunisienne: An I

Aujourd'hui nous fêtons le premier anniversaire de la Révolution Tunisienne. Tout à commencé le 17 décembre 2010, lorsque Mohamed Bouazizi embrasait son corps imbibé de liquide inflammable devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid.

Il n'était ni un héro, ni un pauvre type, mais un être de désespoir, révolté contre sa dignité bafouée.

O Bouazizi, où que tu sois aujourd’hui, en enfer ou au paradis, soupçonnes-tu seulement combien ta mort, elle, a tout changé? La Tunisie s’est métamorphosée à jamais et moi aussi. Merci et que Dieu ait ton âme!

samedi 29 octobre 2011

Je comprends mieux les Tunisiens qui ont voté Ennahda.

La Tunisie a voté et Ennahda a gagné. J’ai mis plusieurs jours avant de comprendre le vote de mes compatriotes Tunisiens. Sans doute mon coté français avait du mal a intégrer qu’un parti islamiste modéré soit-il puisse arriver au pouvoir (le débat en France sur la laïcité a laissé des traces !).

La journée de dimanche était juste magnifique. C’était avec une immense fierté que les Tunisiens se sont massivement rendus aux urnes, le 23 octobre pour le premier scrutin libre de leur histoire. Toutefois le lendemain, je me suis réveillée avec une légère gueule de bois. Depuis le scrutin, j’essaye de comprendre ce vote. Je sillonne donc les rues de la capitale et je discute avec les gens. Au cours de mes discussions, je ne constate ni peur, ni crainte, rien tout cela. Et encore moins « l’ombre d’un hiver islamiste » comme le prétende les médias français !

Ennahdha est le parti vainqueur à 41%. Je respecte ce choix démocratique. Cela signifie que la question identitaire était toujours d’actualité en Tunisie. Le mouvement de Rached Ghannouchi a capitalisé sur un désir de retour de l'islam dans l'espace social, pour une garantie de la liberté religieuse. Ce bon résultat confirme aussi l'existence en Tunisie d'une majorité conservatrice que j’ignorais. Car ce qui réunit tous ces hommes, rasés de près ou barbus, et ces femmes, voilées ou non, est la religion. Un attachement qui s'explique par des années de répression. La plupart des Tunisiens estiment qu’il faut restaurer l'authenticité et l'identité arabo-musulmane du pays après les années bourguibisme et de bénalisme.

Durant mes entretiens, j’ai découvert que l’électorat « islamistes » était très éclectique. Des femmes non voilées, des hommes qui aiment boire de temps en temps, la classe moyenne et même quelques intellectuels. Le réservoir électoral initial qui se limitait, dit-on, à quelque 20 000 militants, s’est élargi grâce aux adhérents post-14 janvier, mais la campagne électorale a aussi permis au mouvement de ratisser large. Pour Khomsi, 52 ans chauffeur routier : « Ennahda va offrir ce que la révolution tunisienne a demandé : du travail, de la liberté, une démocratie et l'arrêt de la corruption ».

En effet, le parti jouit d’une très bonne image car pour beaucoup de Tunisiens, Ennahda est celui qui a payé le plus lourd tribut à la dictature de Ben Ali en raison du passé militant de ses dirigeants. Au sortir de 23 ans d’un régime corrompu, les Tunisiens sont très méfiants à l’égard des partis politiques. Un parti islamiste modéré, qui a souffert de la répression, inspire davantage confiance.

Conscient d'avoir à encore convaincre, Ghannouchi multiplie les déclarations apaisantes depuis sa victoire. «Chacun vivra selon ses convictions dans le cadre de la loi», «le mode de vie des Tunisiens ne sera pas touché», a-t-il encore assuré. Après vingt ans d'exil forcé pour les membres de cette formation, Ennahda s'est employée à présenter un visage modéré et moderne, se réclamant ouvertement du modèle turc, pendant la campagne électorale. Le parti ne veut pas imposer la charia (loi coranique que la Libye voisine veut prendre comme source de sa législation) et ne remettra pas en cause le statut de la femme tunisienne, le plus avancé du monde arabe. « On va l’essayer un an ou deux et si ça ne marche pas, on lui dira: dégage!», explique Sofianne, un commerçant de 30 ans.

Ennahda a été élu démocratiquement : il faut lui donner une chance. Sa pratique du pouvoir nous dira si les accusations de double discours dont il est l’objet sont fondées. Sans compter que, dans une démocratie naissante, un message basé sur la religion est souvent plus accessible qu’un message purement politique,

A regarder le chemin parcouru, cependant, je considère que l'avenir qui s'offre à la Tunisie est non pas une menace, mais une chance. La société tunisienne est depuis longtemps sécularisée et n’a pas l’intention de céder sur ses acquis, notamment en matière de droits des femmes. Je reste donc optimiste !

mardi 18 octobre 2011

Tunisie : Tensions entre islamistes et laics avant les élections


A l’heure où Ennahdha apparaît comme la force politique la mieux structurée du pays, l’inquiétude gagne les rangs des militants laïcs quant au danger que constituerait une éventuelle remise en question du projet moderniste du pays.

Depuis une semaine, un face-à-face à distance entre «laïcs» et «religieux» met mal à l'aise la classe politique, car elle recentre le débat sur la place de la religion au cœur de la campagne. En effet, tout a commencé par la diffusion du film d’animation franco-iranien Persepolis par la chaine Nessma. Le film contient une représentation de Dieu - ce que l’islam proscrit – et a causé un tollé parmi les spectateurs. Vendredi, après la fin de la prière, des milliers de salafistes sont montés vers la Kasbah. Le cortège se composait de quelques d'intégristes réclamant le retour aux sources de l'islam et l'instauration d'un califat. Devant la polémique, Nabil Karoui, le patron de Nessma, a été contraint de présenter ses excuses aux Tunisiens. Il fait aussi l’objet d’une procédure judiciaire, de même que ceux qui ont traduit le dessin animé en arabe.

En réplique à la mobilisation des islamistes, le camp laïque a organisée dimanche, une marche pour la défense de la liberté d’expression. Placée sous le mot d'ordre "Aâtakni" ("fous-moi la paix"), près de 2500 personnes ont réclamé un Etat civil après les élections. «La Tunisie pour tout le monde. Oui à un État civil», scandaient la foule. Dans le cortège, les femmes étaient très présentes. Certaines ont la bouche bâillonnée par du ruban adhésif. «Toutes les femmes tunisiennes ont peur pour leurs filles, leur liberté», explique une manifestante. « Je me battrais jusqu'à la mort », jure Lilia, professeur de philosophie. A noter que peu de femmes voilées ont rejoint le cortège. Pour la plupart des manifestants, l'initiative de Nessma TV est qualifiée de «maladroite». « Ce n’est pas grave du tout, car tout le monde s’est déjà fait une représentation de Dieu dans sa tête », explique Sofiane, 39 ans.

Depuis l’affaire Persepolis Ennahda qui est présenté comme les favoris des élections reste sur ses gardes. Et les deux principales formations de centre gauche, Ettakatol et le Parti démocrate progressiste restent étrangement silencieuses. Toutefois ce clivage entre «laïcs» et «religieux» gêne la nouvelle classe politique, qui cherche à dégager des consensus pour réussir la transition vers la démocratie. On sent qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que la transition démocratique, exemplaire jusqu'à présent, dérape. Nombreux sont les Tunisiens qui retiennent leur souffle.

Ennahdha est-il vraiment une menace pour la Tunisie? Une certitude: même si ce parti arrive en tête il n'aura pas la majorité à lui tout seul. Impossible avec le mode de scrutin. Force est de constater que, a cinq jours de ce rendez-vous électoral historique et crucial, rares sont ceux qui sont réellement convaincus par un choix de vote. Beaucoup ignore que l’enjeu principal de cette Assemblée est la rédaction d’une nouvelle Constitution qui préservera les libertés des citoyens et évincera tout retour possible de la dictature. Car la première préoccupation des Tunisiens est surtout économique.

jeudi 6 octobre 2011

Constituante 2011 : Ou va la Tunisie ?

Neuf mois après la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali, le pays initiateur des révolutions arabes s’apprête à se rendre aux urnes pour élire une assemblée constituante.


Les Tunisiens s'apprêtent à faire l'apprentissage de la démocratie. Le 23 octobre les électeurs participeront pour la première fois à des élections libres pour désigner l'Assemblée chargée de rédiger la Constitution de la IIe République.

Longtemps confrontés à l'hégémonie d'un parti unique, les Tunisiens auront à faire un choix difficile parmi une multitude de partis et de candidats indépendants, la plupart méconnus des électeurs. Face à cette profusion, les Tunisiens restent dubitatifs et indécis, même si les cinq ou six formations politiques historiques devraient rafler le plus gros des sièges de la constituante, selon les observateurs et les derniers sondages --interdits depuis samedi dernier.

Sur les 111 partis légalisés dans leur grande majorité après "la révolution du 14 Janvier", 81 seront en lice dans les 33 circonscriptions électorales (dont six à l'étranger) pour ce scrutin à la proportionnelle. Selon les dernières statistiques de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), 1.541 listes comprenant près de 11.000 candidats se disputeront les 217 sièges de la future Constituante.

S'il est difficile de prévoir où va la Tunisie dans le contexte actuel, il est néanmoins possible d’identifier quelques orientations électorales. C’est ce qu’a voulu démontrer le Think Tank Emergens/Rabii-Tounes, en organisant un débat à Paris, afin de positionner 3 des principales formations politiques : Ennahdha, Ettakatol et Parti Démocratique Progressiste (PDP).

Chaque intervenant a présenté son programme et a souligné les points de convergence avec son voisin. Le représentant d’Ennahda Samir Dilou a affirmé que l’idéologie de son parti est aujourd’hui en conformité avec les exigences des temps modernes, il fait même état de modestie : « Nous ne voulons pas être les seuls au pouvoir », assure-t’il. Car à la veille de la Constituante, Ennahda est en tête de tous les pronostics. Les islamistes jouissent en effet d’une grande notoriété et s'appuient sur le plus important réseau de soutien dans la société.

Durant le débat, Samir Dilou a évité les sujets controversés et inquiétants quant aux changements que le parti islamique prévoit dans la société tunisienne, si Ennahda obtenait la majorité. Le discours est uniquement orienté sur l’éradication de la corruption et le droit à l’emploi pour les Tunisiens. Des thèmes qui ont alimenté la révolution du 14 janvier.

Sahbi Grira, le représentant du PDP a axé son discours sur "deux grands programmes": création d'emploi et développement des régions intérieures du pays. Le PDP prône une politique d'investissements publics massifs, de soutien aux PME, et vise le doublement des investissements directs étrangers en Tunisie en assouplissant les textes les régissant. En matière sociale, le PDP a plaidé pour une "fiscalité équitable", notamment par la création d'une "TVA solidaire" et la revalorisation du salaire minimum (Smig) à 340 dinars.

Ettakatol, a travers son chef de file pour la circonscription France Nord Selim Ben Abdessalem, s’est engagé a adopter une orientation politique renforçant la démocratie et la lutte contre les inégalités sociales et régionales. Parmi les autres thématiques abordées par le candidat, citons l’égalité femmes /hommes, la séparation du politique et du religieux et l’accès à la culture pour tous, même dans les régions les plus reculés. Ettakatol a proposé également de consacrer environ un milliard de dinars, prélevé sur le budget de l'Etat de l'année 2012, à la création de 100.000 emplois dans le secteur public, une solution d'urgence pour réduire le chômage des jeunes.

La discussion s’est animée lorsque le modérateur a demandé s’il existait un pacte entre Ennahda et Ettakatol comme le prétendait le PDP. En effet, le nom de Mustapha Ben Jaafar serait cité pour succéder à l’actuel président par intérim Foued Mbazaa après les élections du 23 octobre. Bien que la question fût claire et directe, la réponse de Mustapha Ben Jaâfar, présent lors du débat, était imprécise et évasive. Il ne dit pas qu’il va accepter une alliance avec Ennahdha, mais il ne rejette pas non plus, à l’instar du PDP.

Toutefois, les trois formations politiques présentent au débat n’ont pas su répondre aux interrogations des Tunisiens présent dans la salle sur le texte fondamental d'organisation des pouvoirs publics du pays. Quelles seront les modalités de rédaction de la future constitution ? Quelles seront les préférences des partis sur les portefeuilles ministériels à pourvoir ? C’est sur ce premier aspect que la Tunisie devra relever le défi de la démocratie.

Illustration : les logos des partis tunisiens ; cartographie des partis tunisiens (Fhimt.com).

mardi 21 juin 2011

A #Botzaris36, l'Etat de droit n'existe pas




Les migrants de Lampedusa ont été chassés de l'immeuble du 36 rue Botzaris par les CRS sur ordre de l'ambassade de Tunisie. Ils ont pris leurs quartiers au parc des Buttes-Chaumont à Paris.

Dans le parc des Buttes-Chaumont, une trentaine de ressortissants tunisiens abrités essayent tant bien que mal de se protéger de la pluie. Les yeux rouges de fatigue, les traits tirés et le corps aminci, ils regardent passer les Parisiens d'un air désemparé.

Depuis plusieurs mois ces migrants sont dans la capitale, sans papiers, sans toit, sans ressources. Après avoir systématiquement fait l'objet d'expulsions des différents endroits où ils avaient pu trouver refuge,ils se sont abrités, le 31 mai, dans un immeuble situé au 36, rue Botzaris dans le 19e arrondissement de Paris. Mais les réfugiés ont été expulsés manu militari le jeudi 16 juin, sur demande de l'ambassade de Tunisie.

Pourtant, les Tunisiens espéraient se placer sous la protection de l'ambassade de leur pays d'origine, afin d'éviter toute procédure d'évacuation. «C'est à nous ici, ça appartient au peuple tunisien», explique Saddam, 19 ans, originaire de Zarzis et arrivé en France il y a 3 mois.

Depuis une dizaine de jours, la tension ne cessait de croître aux abords du 36 rue Botzaris, en raison des découvertes étonnantes faites dans le bâtiment. Cet ancien foyer pour étudiants, propriété de l'État tunisien, hébergeait jusqu'à la chute du régime Ben Ali la section française du RCD, le parti de l'ancien président renversé le 14 janvier dernier.

Sur place, les personnes présentes ont retrouvé des armes et surtout des archives, retraçant de multiples opérations illicites ordonnées par les milices de Ben Ali. Des documents qui risquent de gêner à la fois les autorités françaises et tunisiennes.
Le 15 juin, une partie de ces archives partent dans les mains de l’avocate franco-tunisienne Soumaya Taboubi, au nom du Collectif des Tunisiens de France, une association récemment créée pour protéger les documents.

En 24 heures, le lieu a été évacué par les CRS à coup de gaz lacrymogène, sur demande de l'ambassade et placé en extra-territorialité. Pourquoi cette précipitation? Selon Marianne2.fr, un juge d'instruction s'apprêtait à perquisitionner les locaux, suite à une information judiciaire contre X visant Ben Ali, pour blanchiment d’argent en bande organisée. L'annexion du bâtiment par l'ambassade empêche alors toute mesure d'instruction judiciaire française sur cette affaire. Aujourd'hui, le 36 rue Botzaris est désormais sous surveillance par des vigiles et des chiens et ce, jour et nuit. Au frais du contribuable tunisien.

Depuis leur expulsion du bâtiment, les réfugiés passent leurs nuits dehors. Aucune solution de substitution n’a été trouvée, ni par la Mairie de Paris, ni par l'ambassade de Tunisie. Grâce à Twitter, et le hachtag #Botzaris36 ( mot-clé qui permet de repérer ceux qui relaient l'information), une solidarité citoyenne s'organise mais ne suffit pas. Les conditions de vie des réfugiés Tunisiens de Lampedusa ne cessent de se dégrader d'heure en heure. L'urgence est réelle!

it photo: @Paul_Da_Silva sur Twitter)

jeudi 28 avril 2011

A Paris, des migrants tunisiens loin de l’eldorado

L’air hagard et fatigué, les migrants tunisiens sont des dizaines à errer dans les rues du 19ème arrondissement de Paris depuis que la police les a chassés la veille, mercredi, du parc de la Villette. Ces Tunisiens fraîchement arrivés de Lampedusa sont dispersés dans les rues et les parcs du nord est parisien.

Sami* et Farid* sont arrivés dans la capitale il y a une quinzaine de jours. Ils ne parlent pas français. Pour ne pas attirer l’attention de la police et des riverains, ils évitent d’être dans des groupes. Farid vit dans un foyer associatif, il ne parvient pas à joindre des membres de sa famille : « depuis que je suis arrivé, j’appelle mais je tombe sans arrêt sur messagerie. » dit-il avec amertume. Son ami habite chez son frère à Belleville. Mais nombreux sont les migrants qui dorment dehors.

Ces amis d’enfance originaires de Zarzis dans le sud de la Tunisie ne sont pas venus ensemble. « J’ai fait le voyage avec la journaliste qui a fait un reportage pour Envoyé Spécial » dit Sami qui parle d’un périple éprouvant. Pour Farid, la traversée a été longue, il a mis 48 h pour atteindre Lampedusa.

Suite aux troubles qui ont précédé la fuite de Ben Ali le 14 janvier dernier, Farid s’est évadé de prison. Il restera vague sur les raisons de son incarcération mais il est sûr de lui :
« je ne retournerais plus jamais en Tunisie. Du moins tant que la justice restera la même » confie t-il. Le jeune homme a trop peur de son passé.

Arrivé dans le pays des droits de l’Homme, ils n’imaginaient pas un accueil et des conditions de vie aussi rudes. Ils ne se doutaient pas non plus que leur quotidien serait fait de faim et de misère. Ils espèrent trouver du travail rapidement pour retrouver une certaine dignité et mettre fin à ces longues journées de marche dans Paris pour échapper la police.

Deux hommes appartenant à la secte des Témoins de Jéhovah sont allés à la rencontre de ces sans papiers. Les deux jéhovistes prêchaient en arabe auprès de ces Tunisiens perdus. Farid et Sami n’ont jamais entendu parler de cette religion. « Ils croient qu’on va devenir chrétiens » plaisante Farid. « Les Tunisiens ne tomberont pas dans ce panneau ».

Depuis la révolution, plus de 20 000 personnes ont quitté la Tunisie pour rejoindre l’Europe. Des migrants de sexe masculin pour la plupart mais aussi des femmes. D’après de nombreux témoignages, certaines villes du Sud tunisien se sont vidées de leurs hommes. Face à cette nouvelle vague migratoire, la France et l’Italie ont vu leurs relations se tendre. Les deux pays demandent à l’Union Européenne une révision de l’accord de Schengen.



Olfa Khamira & Fella Adimi


Aussi disponible sur le blog de Fella Adimi : http://fellaadimi.wordpress.com/

* Les prénoms ont été modifiés

jeudi 14 avril 2011

Où en est la Tunisie, trois mois après la chute de Ben Ali?



Les Tunisiens respirent la liberté et aspirent à un lendemain meilleur. Trois mois après la révolution, « C’est Olfa qui le dit » vous propose un petit bilan de la situation.


Le dictateur
Depuis sa fuite le 14 janvier dernier, Zine el-Abidine Ben Ali est en exil en Arabie Saoudite en compagnie de son épouse Leïla en dépit d'un mandat lancé à travers Interpol. Une demande d'extradition adressée par Tunis est restée sans réponse. Plusieurs membres de sa famille et de sa garde rapprochée ont été arrêtés. Sa police politique et le parti qu'il dirigeait, le RCD ont été dissous. Ben Ali fait l’objet de dix-huit actions en justice pour « complot contre la sûreté de l’Etat, l’homicide volontaire et l’usage et le trafic de drogues ».

La liberté d’expression
Naguère muselée, la presse est redevenue libre. Mais, dans un espace en révolution, les médias traditionnels tunisiens sont désormais très critiqués. La presse écrite a du mal à se débarrasser de réflexes conditionnés par vingt-trois années de dictature. Un traitement de l'information en deçà de la hauteur des évènements, avec une tendance à mettre en avant le sensationnel et la frivolité au détriment de l’investigation et du travail sur terrain. Pour l'instant, c'est le même paysage médiatique, les mêmes radios et les mêmes télévisions qui existaient sous Ben Ali mais avec cette différence que le débat devient pluriel, des visages interdits apparaissent et s'expriment librement.

Transition démocratique
Le processus de transition vers la démocratie est engagé. Les Tunisiens éliront une Assemblée constituante le 24 juillet au suffrage universel direct. L’objectif principal de la Constituante est de rédiger une nouvelle Constitution d’une part et également choisir un type de régime. Les droits et libertés de l’individu doivent être proclamés, garantis et sanctifiés par la Constituante. La Haute commission chargée de préparer les élections a opté pour un scrutin de listes à la proportionnelle et de la parité hommes-femmes. A l’heure actuelle 51 partis se sont présentés en vue de l’élection mais les tunisiens connaissent très peu de partis mis à part celui de Ben Ali le RCD et le parti intégriste Ennhada.

Les islamistes
Bannis sous Ben Ali, les islamistes prennent doucement leur place sur l'échiquier politique tunisien. Légalisé le 1er mars, le mouvement Ennahda a affirmé qu’il ne s’opposait pas au CNP (Code du statut personnel), tout en défendant le voile. Le parti islamiste présentera des candidats aux élections du 24 juillet. Plusieurs experts s'attendent à ce qu'ils remportent un nombre important de sièges. La ré-islamisation de la société tunisienne, réelle depuis le début des années 2000, s'est surtout fait via le discours wahhabite diffusé par les chaînes satellitaires du Golfe. Reste à savoir quelle est son audience dans la Tunisie d'aujourd'hui.

L'économie
C'est à ce chapitre que le bât blesse. Les récents événements ont ralenti l'économie tunisienne, fortement dépendante du tourisme. Le pays est depuis trois mois dans une conjoncture économique et sociale très délicate, au rythme de la « dégagemania » pratiquée à tort et à travers. L’économie peut encore résister à cette décélération de la machine productive à condition que la situation générale ne s’aggrave pas. Il s’agit donc d’œuvrer pour rétablir la sécurité, la stabilité et la confiance. Pour cela, la réussite de l’élection du 24 juillet va être déterminante.
Si la liberté et la dignité demeurent aujourd'hui incontestablement les premiers acquis à conserver, l'économie et la croissance sont indispensables pour garantir la survie de la révolution.

mardi 12 avril 2011

Egypte: la place Tahrir de nouveau mobilisée



Deux mois après la chute du régime, les Égyptiens sont à nouveau descendus dans la rue, pour exiger le procès de l'ancien « raïs » et l’accélération de la transition à un pouvoir civil.

Il y a deux mois à peine, les Égyptiens voyaient l'armée comme une alliée qui les a aidés à tourner la page sur les trois décennies de l'ère Moubarak. Cette lune de miel est définitivement terminée. Vendredi, pour la première fois depuis la chute de Hosni Moubarak, 100.000 protestataires massés au centre du Caire ont scandé des slogans hostiles aux militaires et réclamé le départ du maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées. L'intervention musclé de la police militaire pour évacuer la place occupée par les manifestants, on fait un mort et 71 blessés selon un bilan officiel.

Amnesty International a dénoncé "l'usage excessif de la force par l'armée égyptienne", citant sur la foi de témoignages l'usage de matraques électriques et l'envoi de véhicules blindés qui ont fait de nombreux blessés en entrant dans la foule. L'armée a nié avoir agi avec brutalité et démenti des accusations selon lesquelles elle aurait ouvert le feu sur des manifestants. Elle les a qualifiés de "hors-la-loi" en laissant entendre qu'ils pourraient agir à l'instigation de partisans de Moubarak.

Or, une partie de la jeunesse égyptienne soupçonnent l’institution militaire de protéger Hosni Moubarak et ses proches. A plusieurs reprises ces dernières semaines, l’armée a tenté de mettre au pas ces irréductibles qui exigent de faire table rase du régime. En témoigne la fermeté dont elle a fait preuve dimanche, en faisant condamner à trois ans de prison un simple blogueur accusé d'avoir « insulté » l'institution militaire.

Si l’armée jouit encore d’une certaine popularité au sein de l’opinion, son indulgence vis-à-vis de Moubarak pourrait lui faire perdre son crédit. Face à la pression populaire, le ministre de l'Intérieur, Mansour al-Issawi, a annoncé que l'ex-président égyptien ainsi que ses fils Alaa et Gamal seront prochainement entendus par la justice dans le cadre d'enquêtes portant sur des détournements d'argent public et sur la répression des manifestations anti-Moubarak, lors desquelles 840 personnes ont été tuées. S'ils refusent de comparaître devant le parquet, à une date qui reste à déterminer, « des mesures légales seront prises », a-t-il précisé, évoquant une possible arrestation conformément à la loi.

L’inquiétude est grande chez les Egyptiens, qui réalisent que la révolution est loin d’être terminée.

samedi 9 avril 2011

La Bourguiba mania fait son grand retour en Tunisie


La célébration de l'anniversaire de son décès revêt cette année, un caractère spécial, dans le cadre de la réhabilitation du « combattant suprême », qui a conduit à l’indépendance du pays en 1956.

L’événement en Tunisie cette semaine est sans aucun doute, la célébration en grande pompe du 11ème anniversaire de la mort du père de l'indépendance Habib Bourguiba. Une première après 23 ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali qui, après l'avoir destitué en novembre 1987, s'était attaché à l'effacer de l'Histoire.

En cette année 2011, au moment où la Tunisie s’apprête à écrire une nouvelle page de son Histoire, l’héritage de Bourguiba est très présent. L’ancien leader semble susciter un engouement sans précédent depuis la révolution du 14 janvier. Même s’il reste un personnage controversé, idolâtré par les uns, et décrié par les autres, celui qu’on nommait le « combattant suprême » arrive, onze ans après sa disparition, à fédérer. Comme s’il fallait pour reconstruire une unité, que les Tunisiens se retrouvent autour de valeurs sûres.

En effet, Bourguiba a su fédérer toutes les volontés tunisiennes et il a su forcer toutes les résistances, tribales, religieuses, culturelles, pour propulser le pays dans la modernité. En témoigne l’unanimité qui se dégage autour de l’une de ses réalisations phare, l’émancipation de la femme, et la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP). "C'est l'homme qui a bâti la Tunisie moderne. Son cursus n'est certainement pas exempt de zones d'ombres, mais globalement c'est un parcours très positif", explique à l'AFP le ministre de l'Education Taieb Baccouche.

Mais l’homme suscite encore des critiques. La plupart de ses « détracteurs » l’accusent d’avoir été le théoricien, voire le praticien de la dictature. Il est vrai que par son narcissisme démesuré et le culte de sa personnalité, Habib Bourguiba a institué un régime monolithique, qui a vite dévié au despotisme avec l’institution de la présidence à vie en 1975. La fin de son règne (1978 à 1987), a plongé le pays dans le chaos économique et politique, enfantant ainsi les dérives du Bourguibisme : le régime de Ben Ali. Pour le journaliste tunisien Ali Laïdi Ben Mansour « l’Histoire retiendra que la vraie nature de l’organisation du pouvoir sur laquelle s’est appuyé Ben Ali a été mise en place par Bourguiba ».

Or, le temps semble reléguer peu à peu les dérives autoritaires de Bourguiba aux oubliettes, surtout quand on les compare à celui de son successeur. Et à l’heure de la révolution 2.0 que vient de connaître la Tunisie, le premier Président de la République tunisienne, fait fureur sur le web. D’innombrables vidéos de ses discours refont surface sur Facebook et YouTube. C’est que les conceptions visionnaires, ses discours fleuves à la verve unique, semblent presque faire l’unanimité, en cette période jugée incertaine, en proie à une stabilisation politique et sociale vacillante.

La jeunesse tunisienne révolutionnaire se plonge dans l’ère bourguibienne comme pour comprendre comment la Tunisie a basculé dans le règne de la médiocrité 23 ans durant.

jeudi 7 avril 2011

#CIVSOCIAL - Twitter au secours des Ivoiriens

En Côte d’Ivoire, les réseaux sociaux n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Sur Twitter, grâce au hashtag #civsocial une assistance pratique a été mise en place afin de venir en aide aux victimes et de relayer les appels d’urgence des habitants d’Abidjan.

Très rapidement sur le fil #civsocial, les messages de malade en manque de médicaments, des femmes enceintes sur le point d’accoucher ou encore des blessés à la recherche d’un médecin en urgence se multiplient. Les habitants d’Abidjan s’en servent également pour échanger des informations sur la présence de pilleurs dans la ville.

Guy Manasse, le créateur du haschtag, explique à RFI : « Ayant constaté une dégradation dans l’usage de #civ2010 de la part des partisans des différents partis politiques, j’ai décidé de créer un nouveau fil plus utile et plus positif. »

Face à ce succès, l’ONG ivoirienne Akendewa a décidé d’ouvrir un service de Call Center au Ghana. L’objectif de cette opération Call center est de fournir un centre téléphonique de gestion d’urgence pour les victimes en Côte d’ivoire. En effet, les SMS sont suspendus depuis plusieurs semaines et les populations se retrouvent dans l’impossibilité de recharger leurs lignes téléphoniques.

L’idée est de permettre de joindre facilement et gratuitement des numéros spéciaux pour toute urgence, pour ensuite les diffuser sur Twitter ou elles sont orientées vers des personnes pouvant les aider.

Pour se porter volontaire, il suffit d'envoyer un mail à contact@akendewa.org avec pour objet : Volontaire #civsocial. (Source France 24)

lundi 3 janvier 2011

Les chères vacances d'Obama


Loin des problèmes économiques et des intempéries qui perturbent actuellement la côte est des Etats-Unis, le locataire de la Maison-Blanche passe des vacances luxueuses à Hawaï, pour un montant d'1,5 million de dollars.

Sans surprise, le couple Obama et ses deux enfants ont choisi Hawaï comme lieu de villégiature pour ces fêtes de fin d'année. Le président est né en 1961 dans l'archipel américain, où il a passé une grande partie de sa jeunesse. Et pour des vacances bien méritées, le président américain a choisi pour sa famille et ses amis le confort luxueux d'une villa en bord de mer à Kailua, un village situé à 20 km au nord-est de la capitale, Honolulu. La location est estimée à 3.500 $ la nuit.

L'Administration a pris soin de préciser que c'est la famille Obama qui réglait elle-même la facture. Mais ce sont tout de même les contribuables américains qui paieront le voyage sur Air Force One pour un montant de 1 million de dollars, ainsi que la location d'une villa voisine pour l'armada qui assure la sécurité du président et de sa famille, estimée à 16.800 dollars les deux semaines. S'ajoutent à cela 134.000 dollars, le coût de l'hébergement à l'hôtel Moana pour 24 employés de la Maison-Blanche.

Michelle Obama et leur deux filles sont parties à Hawaï trois jours avant le président sur un avion de l'US Army, le chef de l'Etat ayant souhaité rester à Washington jusqu'à la fin de la session du Congrès et la ratification du traité START. Selon The Hawaï Report, ce vol aurait couté 63.000 dollars en frais de logistique.

Aucun événement public du président n'est prévu pendant le séjour des Obama à Hawaï, qui a été prolongé jusqu'au 4 janvier, a indiqué la Maison-Blanche. Le président Obama a jusqu'ici limité ses déplacements à la base de Marines voisine, où il a fait de l'exercice, joué au golf et rendu visite à des militaires lors de leur repas de Noël. L'année dernière, le Noël du président avait été perturbé par l, un incident qui a occupé tout le reste des vacances de Barack Obama.