samedi 2 mai 2009

Les domestiques abusées du Liban


Depuis 1973, plus de 200 000 femmes ont migré des pays pauvres pour aller travailler comme domestiques dans les maisons libanaises. Certaines ont réalisé leur rêve d'autres vivent sous une contrainte financière et psychologique. Depuis la décision du Ministère du travail Libanais du 31 janvier 2009 (http://www.awid.org/ : site des droits de la femme), ces femmes migrantes et leurs employeurs doivent signer un contrat de travail devant le notaire. Elles peuvent désormais remettre en cause ce contrat en cas de non-paiement de leur salaire, de violences, d’abus sexuels, ou si on leur impose une tâche pour laquelle elles n’ont pas été embauchées.

Traditionnellement, les employeurs libanais engageaient des jeunes femmes Palestiniennes, Syriennes ou Egyptiennes. De nos jours, les femmes arabes font rarement ce genre de travail au Liban — le considérant comme dégradant— le laissant plutôt aux travailleurs immigrés qui acceptent de pauvres conditions de vie et de bas salaires. Le nouveau contrat jette les bases d’une nouvelle relation entre l’employeur et la domestique. Ce contrat unifié est considéré comme une véritable avancée sur le plan de la défense des droits de cette main-d’œuvre étrangère car il instaure quelques garde-fous contre son exploitation.

Les domestiques qui immigrent au Liban sont couvertes par la Kafala : un système de parrainage qui stipule que les femmes doivent avoir un parrain légal pendant la durée de leur contrat. Cette clause oblige les immigrées à être dépendantes de leurs patrons et par conséquent, exposées à de mauvais traitements. N’ayant pas les mêmes droits que les citoyens ordinaires pour accéder aux diverses formes d’assistance publique, les immigrés ont le choix entre fuir et devenir illégales ou supporter les abus quotidiens. Malgré la pression des organisations internationales de travail, le gouvernement libanais n’avait jusqu'à maintenant rien fait pour régler le problème.

Au Liban, 380 agences spécialisées dans le recrutement des domestiques ont engagé plus de 150 000 personnes originaires principalement des Philippines, de l’Ethiopie et du Sri Lanka. Leur travail est clair : être domestique. Leur billet d’avion à destination du Liban est pris en charge. La durée du contrat est variable, elle peut aller de 2 à 6 ans voire plus. Il y a cependant des conditions : donner son passeport à son employeur, accepter de rester enfermée, n’avoir aucun contact avec sa famille et suivre un régime diététique draconien. Les agences de recrutement de Beyrouth les présentent comme des marchandises. Elles conseillent les employeurs en leur indiquant quelles sont les nationalités prétendument dociles ou au contraire « plus dures à mater ».

Selon le journal britannique Daily Star, une personne sur seize au Liban est une domestique étrangère. « Statistiquement, plus d’une domestique meurt au Liban chaque semaine» a déclaré Nadim Houry, directeur de recherche chez Human Rights Watch (HRW). «Beaucoup de domestiques sont littéralement obligées de sauter des balcons pour échapper à la séquestration » a déclaré HRW.

Aujourd’hui en cas de conflit entre l’employeur et la domestique, cette dernière a la possibilité d’avoir recours au ministère du Travail qui se déclare cependant souvent incompétent dans ce genre d’affaire car le code du travail ne s’applique qu’aux libanais et ne protège pas ces jeunes femmes.

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