samedi 28 mars 2009

Le perpétuel combat contre les nids-de-poule est lancé à Montréal.


Avec le retour du temps doux, les automobilistes québécois sont confrontés aux nids-de-poule, ennemis de nos roues! Ils défigurent les rues de la ville au point que certaines ont l'air d'avoir été bombardées. Ils expliquent plusieurs visites chez le garagiste et prouesses automobiles pour les esquiver. Le contraste entre le froid hivernal et la température printanière, bien connu du Québec, offre les conditions idéales à la prolifération de nids-de-poule, puisque le gel et le dégel malmènent durement le bitume. Mais qui n’a, il faut bien le dire, pas été suffisamment pris au sérieux par les précédents gouvernements en place au Québec. Ainsi, ce sont toutes les routes de Montréal et des autres villes les plus touchées du Québec qu’il faudrait refaire au complet. Et évidemment, ça coûte bien trop cher, donc en attendant, on « patche ».

Le Jeudi 12 mars 2009, le responsable des infrastructures routières à la Ville de Montréal, Monsieur Sammy Forcillo, a fait une conférence de presse pour annoncer que l’offensif nid-de-poule bat actuellement son plein à Montréal. Dans le communiqué publié, on remarque qu'aucune stratégie nouvelle n'ait été proposée ni qu'aucune injection supplémentaire d'argent n'ait été effectuée.

Pour l'aider dans son offensive, la Ville de Montréal demande l'aide des citoyens. Ceux et celles qui désirent signaler la présence d'un nid-de-poule ou d'une large fissure dans la chaussée sont invités à appeler au 3-1-1. Ce service servira désormais à centraliser toutes les plaintes liées aux nids-de-poule en un seul endroit, ce qui permettra selon la ville une intervention plus rapide, «C'est pourquoi notre administration met tous les efforts nécessaires afin de venir à bout de ce fléau. D'ailleurs, nos effectifs sillonnent depuis décembre dernier les artères de la ville afin de réparer les chaussées endommagées» soutient-il.

Il rappelle aussi que les employés d'arrondissement ainsi que des firmes privées s'affairent en ce moment à enrayer les nids-de-poule par trois méthodes, soit le remplissage mécanisé, le remplissage manuel et le resurfaçage de la chaussée. «Depuis l'an passé, ce sont 17,5 M$ qui ont été investis dans la prévention et le colmatage des nids-de-poule» a affirmé le responsable des infrastructures. «Ce sont 650,5 M$ qui auront été investis par l'Administration municipale, ces quatre dernières années, pour le programme de réfection des routes, des trottoirs, des ponts, des viaducs et des feux de circulation» ajoute Sammy Forcillo

Pour l'Opposition officielle, cela démontre une fois de plus le manque d'imagination de l'administration pour remédier à des problèmes récurrents. "Pourquoi la ville d'Ottawa a-t-elle fait appel à une nouvelle méthode plus efficace et plus durable, le recycleur d'asphalte, pour combattre les nids-de-poule, alors que Montréal ne dispose pas d'une telle technologie pour l'ensemble de son territoire ?", a indiqué le chef de l'Opposition officielle de la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté. En effet, la Ville d’Ottawa utilise différents matériaux pour remplir et réparer les nids de poules en fonction de la météo. Actuellement, la Ville fait l’essai d’un recycleur d’asphalte distribué par une entreprise de Kitchener, en Ontario. A partir d’asphalte recyclé, l’appareil produit un mélange chaud utilisé pour boucher les trous. En recyclant ainsi l’asphalte, l’appareil permet de diminuer l’empreinte écologique des travaux de réparation, mais aussi de réduire les coûts et d'éviter que de l'asphalte durci se retrouve au dépotoir.



Benoit Labonté, mentionne "qu'il est dans l'intérêt de tous les Montréalais qu'une administration proactive trouve rapidement des moyens plus durables et efficaces pour combattre les "nids d'autruche". Par ailleurs, Annie Samson, leader de l'Opposition officielle et maire de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, se montre très étonnée du manque d'investissements accordés à ces aberrations urbaines. « Sur des investissements de près de 200 millions dans le Programme de réfection routière de la Ville de Montréal en 2008, on voit bien que les nids-de-poule ne sont pas une priorité pour le maire Tremblay », a affirmé Annie Samson. Si la Ville s'attaque aux nids-de-poule des grandes artères, chaque arrondissement est responsable de faire la guerre aux trous sur son territoire.

Peut-on en empêcher l'apparition? Pour qu'il n'y ait pas de nids-de-poules, il faudrait l'une des trois choses suivantes : pas d'infiltration d'eau, des routes toujours neuves... ou pas d'hiver! Les entrepreneurs membres de Bitume-Québec respectent des normes très strictes lorsqu'ils construisent les chaussées. Les revêtements bitumineux sont conçus pour être étanches et drainer efficacement les surfaces. Toutefois ces bonnes pratiques ne peuvent que retarder l'apparition de la désintégration de surface puisqu'il est à toute fin pratique impossible d'empêcher complètement l'infiltration d'eau avec les années, lorsque l'entretien est insuffisant. Avoir des pavages neufs, continuellement renouvelés et entretenus régulièrement, serait la meilleure option. Cependant, pour prolonger la vie utile des chaussées il faudrait des investissements importants et des considérations budgétaires.

Comment répare-t-on les nids-de-poules? On peut procéder à une rapide réparation temporaire (dans le cas de gros trous ou encore sur des voies très vivantes) ou effectuer une réparation plus permanente lorsque le temps ou la situation le permettent. Dans le cas des réparations temporaires (dont la durée de vie peut varier de quelques semaines à 2 ans), on procède peu importe la température extérieure. On utilise un produit de remplissage à base de bitume. Après avoir nettoyé la cavité pour enlever eau, glace et débris on remplit et compacte le matériel de remplissage. Dans le cas des réparations permanentes (durée de vie de cinq ans et plus) on va aller plus en profondeur et couvrir une surface plus grande que celle du nid-de-poule. La température extérieure doit être assez clémente (+ 10 degrés). Ensuite on refera les différentes couches de la chaussée pour terminer par un enrobé bitumineux à chaud.

Mais le pire, c'est que, s'ils endommagent les pneus, la suspension ou d'autres parties de notre véhicule, on ne peut pas poursuivre la ville où ils se trouvent. Les villes sont protégées par la loi contre ce type de poursuite. Cependant on peut poursuivre une municipalité et gagner sa cause, même si la loi la protège. L’article 604.1 de la Loi sur les cités et villes stipule: « La municipalité n'est pas responsable des dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus ou au système de suspension d'un véhicule automobile ». L'article 604.1 restreint donc les droits des citoyens, ainsi cela crée un déséquilibre entre le citoyen et les municipalités. Les juges l'interprètent de façon restrictive, et plusieurs ont tendance à rétablir l'équilibre pour le citoyen.

Si le citoyen est capable de démontrer que ce nid-de-poule existe depuis déjà plusieurs jours, que la Ville n'a pas fait d'entretien, n'a pas mis de signalisation, à ce moment-là, la Ville sera tenue pour responsable à la Cour des petites créances. Il s'agit donc de prouver qu'une municipalité a été négligente. Comment y arriver? Le fardeau de la preuve appartient donc à l’automobiliste, qui doit se démener corps et âme et sans aucune garantie de succès, pour réussir à démontrer à l’institution à laquelle il réclame un remboursement du préjudice subi. Il faut avoir des photos du nid-de-poule, le situer dans son environnement. Mesurer sa profondeur, sa largeur pour montrer que c'est un nid-de-poule important. Et pour prouver depuis combien de temps un nid-de-poule existe, on peut demander à la Ville elle-même. Il suffit en effet, de lui envoyer une lettre disant que l'on veut avoir tous les registres de signalement de nids-de-poule pour une période donnée. Des renseignements qu'elle est obligée de fournir. On peut aussi consulter les sites Internet qui font l'inventaire des nids-de-poule, comme celui de l'Association canadienne des automobilistes (CAA).

Toutefois une question se pose, d'où vient ce fameux article 604.1 qui limite vos droits? Au début des années 90, c'était « une façon de faire plaisir aux villes sans que ça coûte quelque chose au gouvernement ». C'est ce qu'a affirmé à La facture l'ancien chef de cabinet de l'ex-ministre Claude Ryan. À l'époque, Québec avait piochée dans la cour des municipalités le financement de la voirie, des services de police et du transport en commun. Les villes étaient de très mauvais poil, il fallait les apaiser.

Mais que faire si l’inévitable se produit? Il est préférable de réduire sa vitesse avant l’impact, de conserver sa direction et de tenir fermement le volant. Cela pourrait occasionner le blocage des roues et entraîner davantage de dommages. Changer brusquement de direction pourrait causer un accident ou même une perte de maîtrise. Les automobilistes qui s’estiment lésés ont 15 jours après l’accident pour annoncer leur intention de réclamer les coûts de réparation auprès du greffier municipal.

L’audiovisuel public français sous contrôle de l’exécutif


Le programme de réforme de la télévision française publique du président Sarkozy est en train de se réaliser. Il s’agit de renforcer son contrôle sur celle-ci, il est vu par beaucoup de commentateurs dont Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris-I et Alain Duhamel, journaliste à Libération et RTL, comme une atteinte à l’indépendance éditoriale par rapport à l’Etat.

Pour assurer une plus grande autonomie par rapport aux publicitaires, la loi de communication audiovisuelle prévoit la suppression de la publicité. Pour Alain Duhamel, cette réforme constitue « une chance de ressusciter les programmes éclectiques, inventifs, séduisants et parfois prestigieux », dès lors, « la suppression de la publicité peut donc devenir une chance pour la télévision publique ».

Autre grande axe de la réforme concerne, la nomination du Président du groupe France télévisions, qui sera dorénavant nommé et congédié par le président de la République, sur avis du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Pour Marie-Anne Cohendet, « Cette réforme s’inscrit dans un mouvement général de concentration des pouvoirs dans les mains du Président. » Il parait dès lors possible de voir émerger une télévision dont la ligne éditoriale serait unique et à la botte du gouvernement, ainsi « elle redevient donc intégralement soumise sur le plan financier au bon vouloir et à la bonne foi du gouvernement, donc du pouvoir politique » nous avertis Alain Duhamel.

La solution à envisager serait de prendre exemple sur la télévision publique britannique qui est exclusivement financée par les fonds publics, sa charte fondatrice lui assure une indépendance totale par rapport au gouvernement. Comme le souligne Alain Duhamel, « il faut pousser la réforme jusqu’au bout de sa logique : faire désigner le président de France Télévisions par un collège réellement indépendant comme en Grande-Bretagne ou en Allemagne, par des instances insoupçonnables... à défaut, il n’y aura qu’une demi-réforme. »

François Yo Gourd : pour l’imaginaire au pouvoir.


François Yo Gourd, l’autoproclamé roi du Plateau du Mont-Royal, c’est tout un numéro. Inclassable même dans son genre. Aujourd’hui œuvrant pour le Parti fédéral Néorhino.ca, c’est désormais par le biais de la politique qu’il souhaite réveiller l’ensemble du Canada. François Yo Gourd annonce la tenue du Symfolium, sorte de congrès où l'on rend hommage à la folie, le 1er avril 2009, au Lion d'Or à Montréal. Pour sa dixième année, le Symfolium aura pour thème Cubec, fusion virtuelle du Québec et de Cuba pour rendre « un hommage ludique aux 50 ans de la Révolution ». La soirée sera selon Monsieur Yo Gourd, sous la présidence d'honneur de Mme l'Ambassadrice de Cuba à Ottawa, Teresita Vicente Sotolongo.

D’entrée de jeu, lors de la conférence de presse organisée le Mercredi 4 mars 2009 à l’Université de Montréal, il crée une proximité avec les étudiants en certificat en journalisme. En débarquant vêtu d’un de ses vestons bariolés et en scandant haut et fort les bienfaits de la folie. François Yo Gourd fait profession d'être idiot et se décrit comme un « foulosophe » née d’une union entre la folie et la philosophie et un « niaisologue » c’est-à-dire un idiot professionnel. Il se prétend aussi « thérapeupeute », en qualité duquel il propose des ateliers à ne rien faire pour gens trop occupés et des ateliers pour rire et faire rire, car « le rire et le jouir ont trop été attaqués dans l’Histoire », dit-il.

Le Symfolium 2009 sera donc un hommage à Cuba. Le chef du Parti Neorhino.ca souhaite la création de Cubec Libre, pays virtuel formé par l'union de Cuba et du Québec car, « ils sont plein de médecins compétents et nous sommes plein de malades incompétents... ». Mais François Yo Gourd explique qu’il n’appuie pas la dictature castriste mais uniquement le peuple cubain, qui a su selon lui, se soulever contre le joug américain lors de la baie des cochons en 1959. « Une manière humoristique d’approcher la politique, en jouant avec la diplomatie », toutefois François Yo Gourd reconnait qu’il « ne dénonce pas de front le régime cubain », mais souligne seulement certains faits. Ainsi l’aboutissement de ce projet serait de mettre sur pied un grand Symfolium d'une dizaine de jours, en 2011 à Cuba.

Il a déclaré que le nom du parti provenait de l'ancien parti Rhinocéros du Canada, également connu sous le nom de Parti Rhino. Ce parti politique enregistré, au Canada, des années 1960 aux années 1990, fonctionnait dans la tradition canadienne de satire politique. Le crédo de base du parti de Rhinocéros était « De ne jamais tenir ses promesses électorales », bien qu'en fait, conçus pour amuser et offrir un divertissement aux électeurs. Le parti Rhino a été établi en 1963 par le docteur Jacques Ferron, un auteur souverainiste.

En 2006, il crée le Parti néo-rhino.ca, d'inspiration marxiste-lennoniste, de Groucho Marx et John Lennon. La création du parti est attribuable selon lui par l'absence de rire et d'humour sur la scène politique canadienne. L’idéologie du parti est basée sur la « rigolothérapie » pour résoudre les conflits dans le monde, avec comme devise « tu fais la politique que tu veux ! ». Il existe deux courants au sein du parti neorhino.ca : les cohérents et les incohérents, ainsi tous ceux qui ne se sentent pas appelé par les autres partis politiques peuvent prendre part à leur aventure. La volonté de François Yo Gourd est de réussir à faire participer 40% de la population qui ne va plus voter.


Le foulosophe dénonce également l'absurdité et la mauvaise gestion des questions primordiales dans une société moderne comme la nôtre. Ainsi dans son programme, le parti Néorhino.ca propose, l’abolition du budget militaire, les abris fiscaux contre les dirigeants véreux et enfin l’abolition du gouvernement central du Canada afin de transférer l’argent principalement à l’éducation, à la santé, à la culture et au social.

François Yo Gourd est finalement un clown, un foulosophe, un multiindisciplinable. Essayant de vivre une vie la moins chère possible, et en réclamant tout simplement, l'imaginaire au pouvoir.

Crise politique en Italie autour de l'euthanasie


Eluana Englaro, âgée de 38 ans, était maintenue dans un état végétatif irréversible depuis l'accident de la route qui l'a plongée dans le coma en janvier 1992, à l'âge de 20 ans. Le 3 février dernier, conformément à une décision de justice autorisant les médecins à la "débrancher", la jeune femme avait été transférée dans une clinique acceptant de mettre en œuvre ce droit à mourir sur fond de débat entre partisans et opposants de l'euthanasie. Elle est décédée le 9 février, alors que les sénateurs examinaient un projet de loi visant à interdire de cesser d'alimenter un patient.

La jeune femme s'est retrouvée ces derniers mois au cœur d'un intense débat, politique et judiciaire, devenant le symbole de la lutte pour le droit à mourir. Fin 2007, la Cour de cassation avait renvoyé la décision de suspendre les soins devant la cour d'appel de Milan qui l'a jugée recevable huit mois plus tard. La Cour constitutionnelle a entériné cette décision l'été dernier en vertu de l'article 32 de la Constitution qui précise : «Personne ne saurait être contraint à suivre un traitement sanitaire.» La famille a définitivement obtenu gain de cause par un arrêt de la Cour de cassation le 13 novembre dernier. Malgré cette décision, le ministre des Affaires sociales, Maurizio Sacconi, a adressé en décembre une mise en garde aux établissements qui accepteraient d'accueillir Eluana et promulgué une ordonnance interdisant aux hôpitaux publics de suspendre les soins. En dépit des multiples pressions de l'Église, du Vatican et du gouvernement, la clinique d'Udine, spécialisée dans les soins à des personnes en situation désespérée, s'est déclarée en janvier disposée à recevoir la malade.

Le cas d'Eluana a divisé le pays, en une ligne de fracture qui traverse tous les partis politiques. L'Eglise et le Vatican s'opposent au combat du père de la jeune femme, Beppino, qui, depuis dix ans, souhaite qu'on la laisse mourir.

Pour "sauver" Eluana Englaro, Silvio Berlusconi était prêt à une crise politique. La bataille politique a même atteint le sommet de l'Etat. Dans un rare conflit institutionnel, le président italien Giorgio Napolitano a refusé de signer le décret pris en urgence le vendredi 6 février par le gouvernement en vue d'interdire aux médecins de suspendre l'alimentation des patients à des fins d'euthanasie.

Du coup, le gouvernement a eu l'intention de passer outre ce refus présidentiel en transformant son décret en projet de loi et en le faisant voter en procédure accélérée, dans les jours qui ont suivis, par le Parlement. Si Giorgio Napolitano a refusé de signer le décret d'urgence, adopté par l’exécutif Berlusconi et qui vise à interrompre le processus devant mettre fin à la vie végétative d’Eluana Englaro, c’est parce qu’il l’a jugé inconstitutionnel, car elle annule une décision des plus hauts magistrats du pays.

Dans l'histoire de la République, cet acte ne s'est produit qu'à cinq reprises. C'est l'un des seuls droits dont dispose le président avec celui de nommer le président du Conseil et de dissoudre les assemblées. L'opposition est aussi venue au secours de M. Napolitano, en qui elle voit un rempart contre la volonté de pouvoir de M. Berlusconi et contre l'influence du Vatican et de l'Eglise dans le débat public.

Silvio Berlusconi a estimé que l'interruption progressive de l'alimentation et de l'hydratation de la jeune femme, justifiait une telle décision d'urgence. Le décret, précise que toute mesure entraînant une euthanasie doit être suspendue "dans l'attente de l'approbation d'une législation complète en matière de fin de vie".

Mais le président du Conseil, fortement encouragé par le Vatican, a envisagé de réunir en urgence le Parlement, pour modifier la Constitution, afin d’instituer une loi qui ordonnerait qu’Eluana soit maintenue en vie. Il devra cependant faire ses comptes avec l’opposition et les associations de citoyens qui sont en train d’organiser différentes manifestations pour protester « contre ces choix qui détruisent certains piliers fondamentaux de le démocratie républicaine. »

Silvio Berlusconi, se positionnant comme un "père avant tout", n’a pas hésiter donc, pour "préserver la vie", à tordre les règles applicables en matière de séparation des pouvoirs et d'adoption des textes législatifs et règlementaires « pénible bureaucratie » et à ignorer une décision judiciaire devenue définitive « une sentence de condamnation à mort ». Le chef de gouvernement a qualifié l'opposition politique de « porteuse d'une culture de la mort », à défier un Président de la République garant de l’ordre et enfin, à annoncer sa claire volonté de changer la Constitution « d'inspiration soviétique » pour pouvoir « mieux gouverner ». Cette crise politique -l'opposition dénonçant l'autoritarisme du gouvernement- s'est doublée d'un débat sur l'opportunité pour le Vatican de se ranger aussi ouvertement aux côtés de Silvio Berlusconi.

Plusieurs obstacles se sont multipliés depuis. Des régions, comme la Lombardie, ont refusé d'accueillir Eluana dans une structure adaptée. Le ministre de la santé a menacé de couper les vivres des centres de soins qui accepteraient de se livrer à ce qu'il considère comme un "assassinat". L'Eglise catholique avait jeté tout son poids dans la bataille pour empêcher ce qu'elle considérait comme une euthanasie et un homicide.

Le pape Benoît XVI a souligné que l'euthanasie est une "fausse solution au drame de la souffrance" et qu'il s'agit d'un acte "indigne de l'homme". Le cardinal Javier Lozano Barragan, président du conseil pontifical pour les opérateurs sanitaires du Vatican, a réagi au transfert d'Eluana, lançant un appel pour que soit arrêté «cet abominable assassinat». Le ministre de la santé italien, Maurizio Sacconi, a fait savoir que le gouvernement était "en train d'évaluer la conformité de la maison de repos et les modalités d'hospitalisation d'Eluana pour son 'dernier voyage'.

En Italie, pays de forte tradition catholique, la question de l'euthanasie divise fortement la société. Si le « suicide assisté » (l'euthanasie active) est sévèrement puni par la loi, l'euthanasie « passive » est en revanche officieusement tolérée. En l’absence de tout cadre juridique, l’interruption du traitement thérapeutique d’un malade est toutefois acceptée : un malade conscient peut ainsi demander la fin de l’acharnement thérapeutique ou la suspension des soins. Cet épisode a ainsi largement divisé l'opinion publique : 47% des Italiens, selon le politologue Renato Mannhiemer, étaient favorables à l'arrêt des soins. Autant étaient d'un avis contraire et 6% ne se prononçaient pas.

Sur Internet, les blogs internationaux et en particuliers italiens retentissent des échos d'un vif débat avant tout politique. Un post publié sur Blogitalia par l'internaute le « pro-vie » Davide Rosato l'été dernier alors qu'il était établi qu'Eluana ne se réveillerait pas, demande: « Comment ne pas se rebeller face à la volonté d'un Etat qui tue l'espérance humaine, même si elle est très faible? ». Dans une tirade aux forts accents pro-vie, l'auteur rappelle qu'Eluana « va mourir de faim et de soif », si ses parents obtiennent le droit de la débrancher, avant d'enjoindre le peuple italien à prier pour elle, pour qui "tout n'est pas perdu grâce à Dieu".

Beppe Grillo, un comique, comédien et bloggueur italien dont le blog est l'un des plus lus en Italie (il est classé parmi les 20 les plus populaires au monde), relève mardi 10 février qu' Eluana n'est qu'un prétexte pour faire du business et imprimer des journaux, pour multiplier des immunités et pour bousculer une nouvelle fois le système judiciaire ».
Dans un précédent post, publié avant la mort de la jeune femme, il dénonce l'instrumentalisation de son histoire pour « démoraliser encore le président et pour mettre à mal son rôle de garant de la Constitution ». Il souligne l'ambition démesurée de Silvio Berlusconi qui essaie, par la maîtrise de ce dossier dramatique, d'utiliser le débat autour de l'euthanasie pour écarter ses adversaires politiques et pour s'attacher l'approbation de l'électorat et des soutiens catholiques. Il qualifie même l'affaire Eluana de simple « divertissement pour les masses ».

Dans d'autres pays européen aussi, le sujet divise la société, comme le montrent les législations, très disparates, des uns et des autres.
Aux Pays-Bas et en Belgique, qui font figure de précurseurs, les médecins prêts à aider leurs patients incurables à mourir ne sont plus passibles de poursuites judiciaires depuis 2002. Sous réserve de respecter de strictes conditions, sous l'œil vigilant de commissions de contrôle des demandes des malades. Le Luxembourg vient de leur emboîter le pas : en février, les députés ont adopté la légalisation de l'euthanasie active. En Suisse, l'aide au suicide est légale : un praticien peut fournir une potion létale à un patient condamné.
Au Danemark, comme en Norvège, Allemagne, Finlande, Hongrie et Espagne, la loi a instauré un droit au « laisser-mourir » (l'arrêt des soins). Les Danois et les Espagnols ont, en prime, la possibilité de rédiger leurs dernières volontés médicales, que les médecins sont tenus de respecter. En Grande-Bretagne, la loi reconnaît la validité des directives anticipées rédigées par les patients : chacun peut refuser un traitement, dût-il en décéder. L'aide au suicide, en revanche, reste un homicide.
En France, Chantal Sébire, décédée le 19 mars 2008, avait demandé en vain une euthanasie active que la loi française interdit.

Certains militants anti-euthanasie ont laissé entendre que la mort de la jeune femme avait été accélérée par des sédatifs au moment où les parlementaires semblaient en passe d'adopter un projet qui aurait imposé qu'on recommence à l'alimenter.
Des militants catholiques ont réclamé une enquête approfondie sur les circonstances de sa mort. La plupart des experts avaient dit s'attendre à ce qu'elle survive deux semaines sans nourriture.

Les résultats préliminaires d'une autopsie de son corps montrent qu'elle a succombé à un arrêt cardio-respiratoire dû à la déshydratation, n'a mis en évidence aucun signe de manipulation illégale malgré les soupçons exprimés par certains, a-t-on fait savoir à Udine de source policière.
Le procureur régional Beniamino Deidda a déclaré à la presse que la cause du décès correspondait à ce qui était attendu en conséquence de sa privation de nourriture et d'eau.

Souffrances infinies d'un père aimant devenu figure médiatique, objet de polémiques sans fin, de prises de position extrêmes. De manifestations de réprobation publique ou de soutien affiché, d'appels vibrants du pape et d’une Eglise bien présents dans la vie quotidienne et politique d’un Etat souverain comme l'Italie, le cas Eluana n’a pas vraiment réglé la question de l’euthanasie.

Majorité et opposition au Sénat italien ont cependant réussi à se mettre d'accord sur la nécessité d'aboutir dans les prochaines semaines à un vote sur une loi régissant la fin de vie.