vendredi 20 juillet 2012

Le président Marzouki adresse un message rassurant à la communauté tunisienne en France


Le président Marzouki a adressé un message rassurant à la communauté tunisienne établie en France avec laquelle il avait eu une rencontre, mercredi soir au Petit Palais à Paris.

Dans un court discours d'une vingtaine de minute, le président tunisien a affirmé que la situation parfois tendue dans le pays est un élément tout à fait normal dans une phase de transition à l'instar de ce qui se passe dans tous les pays du monde.
Il a affirmé aux membres de la colonie tunisienne qu'il est parfaitement conscient de leurs préoccupations ''étant donné que j'étais l'un d'entre vous'', a-t-il dit.

M. Marzouki a assuré que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour répondre aux attentes de la communauté tunisienne établie en France. Il a notamment évoqué le problème des immigrés clandestins qu'il a promis de rapatrier dans les meilleures conditions. 

Marzouki a aussi appelé les Tunisiens établis en France à investir en Tunisie pour participer au développement de l'économie de leur mère patrie.


mardi 1 mai 2012

En marge du meeting de Nicolas Sarkozy avec des militants UMP mécontents


Habituellement c’est la Tour Eiffel qui attire la foule.  Mais ce 1er mai sur le Pont d’Iéna, les gens convergent vers le meeting de Nicolas Sarkozy, Place du Trocadéro.  Ils viennent de tous les côtés. De la Place de l’Arc de Triomphe, du Champ de Mars, de l’Avenue de Varsovie, tous affluent vers un même point. Un drapeau tricolore à la main, un tee-shirt à l’effigie du candidat de l’UMP, des ballons bleu-blanc-rouge.   Des panneaux bleus NS2012 leur indiquent même le chemin à suivre pour arriver au lieu du rassemblement.
Le quartier est quadrillé par les camions de CRS qui orientent les sympathisants UMP vers les côtés. Mais rapidement tous les côtés sont bouclés et il n’est plus possible d’accéder à la manifestation.  Sur l’avenue Kléber, à 200 mètres de la Place du Trocadéro, une femme d’une soixantaine d’années est déçue : « voilà trois quart d'heures  que je tourne autour de la place pour rien, impossible d’y accéder».

Elle n’est pas la seule à exprimer son mécontentement.  Un homme à la quarantaine s’énerve devant un CRS stoïque : « Je suis venu de loin et vous ne me laissez pas entrer ». Un autre s’agite en colère : « Il y a un problème démocratique, on a le droit d’aller manifester » hurle-t-il. Frisant le fanatisme, un homme propose même aux policiers d’entrer à la place d’un militant sorti plus tôt du meeting.
Les agents des forces de l’ordre expliqueront quelques minutes plus tard aux plus calmes: « les gens suffoquent à l’intérieur, c’est pourquoi on ne laisse plus personne passer».  L’organisation de l’UMP n’a pas laissé de place aux retardataires.  Le parti a affrété des centaines de bus venus de toute la France pour mobiliser ses militants.  
Le meeting touche à sa fin et les dizaines de milliers de personnes quittent la masse compacte qu’ils formaient autour de Nicolas Sarkozy. Une jeune femme en sort soulagée : « On est mieux ici, on étouffait à l’intérieur » dit-elle.  Une militante UMP libérée de la foule discute avec un homme à vélo qui voulait à tout prix l’intégrer.  Sur le ton de la plaisanterie, elle lance : « Il faut une carte de vrai travail».  Son interlocuteur sourit : « Ceux qui sont au chômage ne peuvent pas passer, c’est ça ? ».
Les militants discutent du chiffre de 200.000 personnes présentes qu’a annoncé Nicolas Sarkozy en ouverture de son discours. Certains sont ravis et persuadés de la véracité de la parole du Président, d’autres un peu plus dubitatifs.  Le chiffre est invérifiable mais selon certaines sources policières la place du Trocadéro ne peut contenir qu’un maximum de 30.000 personnes.
Un Parisien curieux qui était à quelques mètres de candidat de l’UMP s’amuse de ce chiffre: « Le Président a commencé son discours par un mensonge ! ».  Il ressort surpris de ce rendez-vous : « J’ai l’habitude des meetings mais c’est la première fois que je ressens ça ».  Il s’explique : « Je n’ai jamais été aussi proche des paroles de l’Evangile Nicolas, il dit des choses tellement étranges. On se sent tellement affolés, on regarde autour de soi et on voit des gens qui deviennent une masse prête à en découdre » dit-il avec humour.   L’UMP a gagné son pari, le rassemblement a été un succès, il ne lui reste plus qu’à gagner dimanche soir. Mais ça, c’est une autre histoire.
Olfa Khamira & Fella Adimi

lundi 30 avril 2012

François Hollande à Paris : « Mes amis, la victoire je la veux ! »

Ce dimanche au Palais Omnisport de Bercy s’est tenu le dernier meeting parisien du candidat socialiste. Après une semaine de campagne marquée par les polémiques et le score du FN, l'heure était à l'unité et au rassemblement devant une salle comble et enflammée.


Souriante, le style décontracté, une femme retrouve un ami dans l’immense salle de la capitale où se trouvent 22.000 personnes : « J’attends le 6 mai pour fêter mes 50 ans » dit-elle. La victoire, les militants et les sympathisants socialistes y croient dur comme fer. Ils n’ont que ça aux lèvres. Et ils attendent avec impatience leur candidat.

16 heures. François Hollande arrive par un côté opposé à la scène dans un Bercy bondé telle une rockstar, serrant des mains, signant des autographes. Un long drapeau français qui fende la foule en deux est déroulé par le staff. « Je vous attendais depuis si longtemps ! Depuis des années ! » lance le candidat socialiste à son public.

Arrivé en tête au premier tour avec 28,6% des voix, François Hollande a fustigé les méthodes de son adversaire pour tenter de séduire les 17,9% d'électeurs qui ont choisi la candidate du Front national, Marine Le Pen. "Mes amis, la victoire, je la veux (...) mais pas à n'importe quel prix, pas celui de la caricature, du mensonge", a-t-il jugé. "Je veux reconquérir les hommes et les femmes en colère, qui parfois s'abandonnent, oui, 100 fois oui. Mais promettre ou se compromettre, mille fois non".

Nicolas Sarkozy n’est jamais explicitement nommé, dans la bouche de François Hollande, il est le candidat sortant, « l’autre » ou encore « il ». Et à chaque fois que le candidat socialiste évoque Président de la République ou sa politique, c’est toute la salle qui hurle son mécontentement et qui s’agite. « Qu’est-ce que vous voulez ? Protéger les fortunés ou les enfants de la République. Moi, j’ai choisi.» scande le candidat de la gauche à une foule en furie.

« La répétition d'un mensonge n'a jamais fait une vérité », a-t-il poursuivi, se faisant plus acerbe. "Mais quand on est encore président de la République pour sept jours - sept jours ! -, le premier devoir c'est de respecter la vérité." La salle parisienne exulte aux cris des «François président!», parfois remplacé par des « On va gagner» et des olas. Pendant le discours, le socialiste a très souvent été interrompu par ses partisans.

Hollande a dénoncé «ceux qui craquent des allumettes, qui allument des mèches, ceux qui jouent avec le feu, ceux qui mettent l'étranger au cœur de cette campagne, ceux qui mettent en cause les pauvres parce qu'ils seraient des assistés, ceux qui mettent en cause une religion, qu'ils regardent avec méfiance ».

A Bercy, François Hollande s’est posé en rassembleur : « Je veux demain être votre président. Ici, partout. Et que l’on me regarde comme celui qui a permis le changement, l’espérance et le rassemblement de tous les républicains ». Il se fait drôle parfois « Moi, à la différence de l'autre, je ne vous demande pas de m'aider, je ne lance pas des SOS. Je vous demande à tous d'aider votre pays, d'aider la République ».

Après avoir entonné la Marseillaise et alors que les militants allaient quitter la salle, le candidat socialiste s’offre un rappel et reprend le micro. Pour mobiliser d’abord: «Nous devons nous battre comme si nous étions en retard alors même que nous sommes en avance ». Et pour la première fois, preuve peut-être qu’il se voit déjà à l’Elysée, Hollande appelle à la mobilisation pour les législatives: «Je ne veux pas anticiper mais après il y a les législatives. Il faudra donner une majorité forte et cohérente».

Pour finir, François Hollande rappelle l’importance du rendez-vous du 6 mai et « veux que les générations nouvelles se disent que 2012 a été une date historique pour la République ».

Olfa Khamira et Fella Adimi

lundi 9 avril 2012

Aujourd'hui j'ai assisté a un débat avec le conseiller spécial du Premier ministre tunisien. Mondher Ben Ayed a essayait d'assurer les Franco-tunisiens inquiets de voir la tournure qu'a pris l'Après-Révolution depuis l'arriver d'Ennahda au pouvoir. Donc voici ses mots: " notre programme est la construction d'un Etat démocratique qui respectera toutes les libertés" . " Nous voulons la création d'un environnement serein et trouver une plateforme de coexistence ou vivrait toutes les sensibilités politiques". Bref, il nous a menti... #9avril

dimanche 15 janvier 2012

A Paris, les Tunisiens fêtent le premier anniversaire de la révolution


A travers une « marche pour les libertés », les Tunisiens de la capitale ont souhaité célébrer à leur manière, la date du départ de Ben Ali.

Dans une ambiance à la fois festive et revendicative, quelque 800 personnes ont manifesté, ce samedi 14 janvier, de la place de la République à la place de la Bastille. Habillés du drapeau de leur pays, les Tunisiens de Paris ont défilé dans le froid, chantant l’hymne national, faisant des youyous.
Mais plus qu’une simple célébration, pour les associations organisatrices, il s’agissait avant tout de s’associer aux luttes encore en cours dans le pays. Tout en rendant hommage aux martyrs, des pancartes rappelaient qu’il fallait rester « fidèles au sang des martyrs » et rester « vigilants » quant aux récents acquis.

Des affiches reflétaient l’inquiétude de certains qui accusent Ennahdha, le parti islamiste, de s'attaquer aux libertés. Un jeune homme brandit une affiche: « Ne touchez pas à notre université », ceci en allusion aux conflits qui ont eu lieu en décembre dernier lorsque des militants islamistes radicaux avaient investi la faculté des Arts et des Lettres de La Manouba, à 15 km de Tunis, pour réclamer le droit aux étudiantes de porter le niqab. Aussi, un groupe criait en arabe « Pas de califat, pas d’émir » en référence aux propos du Premier ministre nahdaoui Hamadi Jebali qui avait appelé à constituer un « 6ème Califat » dans le Monde arabe.

Les partis politiques se sont bousculés à cette marche qui était plus un cortège de partis politiques qu’une manifestation populaire. Des représentants du CPR, d’Ettajdid, d’Ennahdha, et même le député à la Constituante d’Ettakatol Selim Ben Abdessalem étaient au rendez-vous.

Les manifestants entendaient aussi condamner l’ingérence étrangère dans leur pays, à l’image de cette femme d’une quarantaine d’années qui avançait avec une poussette en criant : « Qatar dehors, les Etats-Unis aussi », un homme d’un certain âge s'indignait : « La France a soutenu Ben Ali, nous ne voulons plus qu’elle se mêle de nos affaires », l’ingérence leur fait trop rappeler que leur dictateur Ben Ali avait le soutien de la France jusqu’à ses dernières heures au pouvoir.

Les manifestants qui craignent la montée au pouvoir d’une autre dictature, ne cessent de clamer tout le long du cortège: « nous ne voulons pas d’un nouveau Ben Ali ». Les slogans d’unité reviennent aussi beaucoup, le même monsieur d’un certain âge remarque : « Ils nous ont divisé ». Par « ils » il faut comprendre, Ennahda. Le pays semble divisé entre progressites et islamistes depuis que le parti Ennahda a remporté plus de 40% des voix à l’assemblée constituante en octobre dernier.

Entre tristesse et fierté, les Tunisiens de Paris espèrent toujours voir les objectifs de la révolution, plus de dignité, de liberté, de travail, se réaliser. Plusieurs jeunes s'agacent, déçus « par un gouvernement qui n'a encore rien fait pour lutter contre le chômage ». « On s’attendait à ce que le gouvernement trouve un boulot pour le peuple et c'est le peuple qui lui a trouvé un boulot » dit un jeune tout sourire.

Co-écrit avec Fella Adimi http://fellaadimi.wordpress.com/

vendredi 13 janvier 2012

Tunisie An I: que reste-t-il des promesses de la révolution?


Le 14 janvier 2011, après 23 ans de dictature, Zine el-Abidine Ben Ali était chassé du pouvoir à l’issue d’un mois de manifestation populaire inédite. Première révolution du « Printemps arabe », c’est aussi celle qu’on juge souvent la plus aboutie. Or, a-t'elle tenue ses engagements?

La Tunisie s’apprête à souffler, la première bougie du renversement du président Zine el-Abidine Ben Ali. Une année après la fuite du dictateur, les Tunisiens ont appris les règles du jeu démocratique. Pourtant, la situation économique alarmante et les tentatives de contrôle de l’État par le parti islamiste Ennahdha sont loin d’être rassurantes. Moins d’un mois après la formation du gouvernement, le pays peine a retrouver sa sérénité. Alors que reste-t-il des promesses de la révolution ?

Premier constat depuis l’exil saoudien de Ben Ali, le pays a changé. En octobre dernier, le peuple tunisien a participé à ses premières élections libres de son Histoire. Si le parti islamiste Ennahda est sorti vainqueur de ce scrutin, c’est un "modéré laïc", Moncef Marzouki, un médecin farouchement opposé au régime Ben Ali, qui a été élu à la présidence par l’Assemblée nationale constituante formée suite à ces élections. Or depuis, l’opinion publique s’inquiète de l’improvisation et les mauvais débuts du gouvernement du nahdaoui Hamadi Jebali. En effet, Ennahda n’a pas élaboré de programme économique révolutionnaire, aucune rupture par rapport au régime Ben Ali. Et personne ne sait combien de temps ils vont rester au pouvoir puisque le mandat de la constituante n’a pas encore été décidé.

Mais aujourd’hui, les Tunisiens attendent toujours de récolter les fruits de leur révolution. Le chômage n’a pas baissé, la sécurité n’est toujours pas assurée, aucun des rêves ne s’est réalisé. Les défis à venir continuent de mitiger les succès d’une transition plutôt réussie et illustrée par la mise en place d’institutions légitimes. En effet certains « vices » qui caractérisaient et ont entraîné la chute de l'ancien régime sont toujours là: corruption, chômage et manque d'expérience démocratique.

Deuxième constat, le pays est au bord de la faillite et peine à se relever. La délicate situation économique et la hausse importante du nombre de chômeurs ne rassurent pas la population. Les manifestants, galvanisés par les succès et par l’assurance qu’ils peuvent peser dans le débat public, ne quittent plus la rue. Pas de jour sans manifestation, ni sans grève. Quel que soit le domaine, les demandes sont innombrables et les attentes immenses.
Pour que l’on puisse évaluer la révolution tunisienne, il faut prendre en compte la situation des régions de l’intérieur qui ont déclenché le mouvement. Un an plus tard, elles se retrouvent dans la même situation économique et sociale, voire pire. Le nouveau président Moncef Marzouki a lui-même évoqué un risque de « suicide collectif » si la situation économique ne se redressait pas.

D’ailleurs le phénomène d’immolation n’a cessé d’augmenter. Au cours des six mois qui ont suivi la mort de Bouazizi, au moins 107 Tunisiens ont tenté de se suicider par immolation, rapporte la BBC. Elles correspondent à un cri de détresse de personnes désespérées qui souhaitent attirer l’attention sur la situation économique catastrophique des régions du centre. La différence avec le suicide de Mohamed Bouazizi, c’est qu’aujourd’hui ce ne sont plus des jeunes mais des pères et des mères de famille qui s’immolent.

La plupart des Tunisiens estiment cependant qu'il sera difficile de revenir sur une liberté d'expression chèrement acquise. Le nombre de médias, de partis politiques et d'associations constitue "un bon indicateur" de la vitalité démocratique en Tunisie.
Si la liberté demeure aujourd'hui incontestablement le premier acquis à conserver, l'économie et la croissance sont indispensables pour garantir la survie de la révolution.