jeudi 14 avril 2011

Où en est la Tunisie, trois mois après la chute de Ben Ali?



Les Tunisiens respirent la liberté et aspirent à un lendemain meilleur. Trois mois après la révolution, « C’est Olfa qui le dit » vous propose un petit bilan de la situation.


Le dictateur
Depuis sa fuite le 14 janvier dernier, Zine el-Abidine Ben Ali est en exil en Arabie Saoudite en compagnie de son épouse Leïla en dépit d'un mandat lancé à travers Interpol. Une demande d'extradition adressée par Tunis est restée sans réponse. Plusieurs membres de sa famille et de sa garde rapprochée ont été arrêtés. Sa police politique et le parti qu'il dirigeait, le RCD ont été dissous. Ben Ali fait l’objet de dix-huit actions en justice pour « complot contre la sûreté de l’Etat, l’homicide volontaire et l’usage et le trafic de drogues ».

La liberté d’expression
Naguère muselée, la presse est redevenue libre. Mais, dans un espace en révolution, les médias traditionnels tunisiens sont désormais très critiqués. La presse écrite a du mal à se débarrasser de réflexes conditionnés par vingt-trois années de dictature. Un traitement de l'information en deçà de la hauteur des évènements, avec une tendance à mettre en avant le sensationnel et la frivolité au détriment de l’investigation et du travail sur terrain. Pour l'instant, c'est le même paysage médiatique, les mêmes radios et les mêmes télévisions qui existaient sous Ben Ali mais avec cette différence que le débat devient pluriel, des visages interdits apparaissent et s'expriment librement.

Transition démocratique
Le processus de transition vers la démocratie est engagé. Les Tunisiens éliront une Assemblée constituante le 24 juillet au suffrage universel direct. L’objectif principal de la Constituante est de rédiger une nouvelle Constitution d’une part et également choisir un type de régime. Les droits et libertés de l’individu doivent être proclamés, garantis et sanctifiés par la Constituante. La Haute commission chargée de préparer les élections a opté pour un scrutin de listes à la proportionnelle et de la parité hommes-femmes. A l’heure actuelle 51 partis se sont présentés en vue de l’élection mais les tunisiens connaissent très peu de partis mis à part celui de Ben Ali le RCD et le parti intégriste Ennhada.

Les islamistes
Bannis sous Ben Ali, les islamistes prennent doucement leur place sur l'échiquier politique tunisien. Légalisé le 1er mars, le mouvement Ennahda a affirmé qu’il ne s’opposait pas au CNP (Code du statut personnel), tout en défendant le voile. Le parti islamiste présentera des candidats aux élections du 24 juillet. Plusieurs experts s'attendent à ce qu'ils remportent un nombre important de sièges. La ré-islamisation de la société tunisienne, réelle depuis le début des années 2000, s'est surtout fait via le discours wahhabite diffusé par les chaînes satellitaires du Golfe. Reste à savoir quelle est son audience dans la Tunisie d'aujourd'hui.

L'économie
C'est à ce chapitre que le bât blesse. Les récents événements ont ralenti l'économie tunisienne, fortement dépendante du tourisme. Le pays est depuis trois mois dans une conjoncture économique et sociale très délicate, au rythme de la « dégagemania » pratiquée à tort et à travers. L’économie peut encore résister à cette décélération de la machine productive à condition que la situation générale ne s’aggrave pas. Il s’agit donc d’œuvrer pour rétablir la sécurité, la stabilité et la confiance. Pour cela, la réussite de l’élection du 24 juillet va être déterminante.
Si la liberté et la dignité demeurent aujourd'hui incontestablement les premiers acquis à conserver, l'économie et la croissance sont indispensables pour garantir la survie de la révolution.

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