mardi 1 mai 2012

En marge du meeting de Nicolas Sarkozy avec des militants UMP mécontents


Habituellement c’est la Tour Eiffel qui attire la foule.  Mais ce 1er mai sur le Pont d’Iéna, les gens convergent vers le meeting de Nicolas Sarkozy, Place du Trocadéro.  Ils viennent de tous les côtés. De la Place de l’Arc de Triomphe, du Champ de Mars, de l’Avenue de Varsovie, tous affluent vers un même point. Un drapeau tricolore à la main, un tee-shirt à l’effigie du candidat de l’UMP, des ballons bleu-blanc-rouge.   Des panneaux bleus NS2012 leur indiquent même le chemin à suivre pour arriver au lieu du rassemblement.
Le quartier est quadrillé par les camions de CRS qui orientent les sympathisants UMP vers les côtés. Mais rapidement tous les côtés sont bouclés et il n’est plus possible d’accéder à la manifestation.  Sur l’avenue Kléber, à 200 mètres de la Place du Trocadéro, une femme d’une soixantaine d’années est déçue : « voilà trois quart d'heures  que je tourne autour de la place pour rien, impossible d’y accéder».

Elle n’est pas la seule à exprimer son mécontentement.  Un homme à la quarantaine s’énerve devant un CRS stoïque : « Je suis venu de loin et vous ne me laissez pas entrer ». Un autre s’agite en colère : « Il y a un problème démocratique, on a le droit d’aller manifester » hurle-t-il. Frisant le fanatisme, un homme propose même aux policiers d’entrer à la place d’un militant sorti plus tôt du meeting.
Les agents des forces de l’ordre expliqueront quelques minutes plus tard aux plus calmes: « les gens suffoquent à l’intérieur, c’est pourquoi on ne laisse plus personne passer».  L’organisation de l’UMP n’a pas laissé de place aux retardataires.  Le parti a affrété des centaines de bus venus de toute la France pour mobiliser ses militants.  
Le meeting touche à sa fin et les dizaines de milliers de personnes quittent la masse compacte qu’ils formaient autour de Nicolas Sarkozy. Une jeune femme en sort soulagée : « On est mieux ici, on étouffait à l’intérieur » dit-elle.  Une militante UMP libérée de la foule discute avec un homme à vélo qui voulait à tout prix l’intégrer.  Sur le ton de la plaisanterie, elle lance : « Il faut une carte de vrai travail».  Son interlocuteur sourit : « Ceux qui sont au chômage ne peuvent pas passer, c’est ça ? ».
Les militants discutent du chiffre de 200.000 personnes présentes qu’a annoncé Nicolas Sarkozy en ouverture de son discours. Certains sont ravis et persuadés de la véracité de la parole du Président, d’autres un peu plus dubitatifs.  Le chiffre est invérifiable mais selon certaines sources policières la place du Trocadéro ne peut contenir qu’un maximum de 30.000 personnes.
Un Parisien curieux qui était à quelques mètres de candidat de l’UMP s’amuse de ce chiffre: « Le Président a commencé son discours par un mensonge ! ».  Il ressort surpris de ce rendez-vous : « J’ai l’habitude des meetings mais c’est la première fois que je ressens ça ».  Il s’explique : « Je n’ai jamais été aussi proche des paroles de l’Evangile Nicolas, il dit des choses tellement étranges. On se sent tellement affolés, on regarde autour de soi et on voit des gens qui deviennent une masse prête à en découdre » dit-il avec humour.   L’UMP a gagné son pari, le rassemblement a été un succès, il ne lui reste plus qu’à gagner dimanche soir. Mais ça, c’est une autre histoire.
Olfa Khamira & Fella Adimi