mardi 24 août 2010

Attaque meurtrière contre un hôtel de Mogadiscio


Un kamikaze et un groupe d'hommes en uniforme de l'armée ont attaqué mardi un hôtel de Mogadiscio, tuant 31 personnes dont six députés, au deuxième jour d'une offensive des insurgés islamistes contre les forces gouvernementales.

Trente et une personnes ont été tuées mardi matin dans un hôtel de Mogadiscio. Les hommes armés de l'organisation islamiste al-Shebab, liée à al-Qaida, ont fait irruption dans cet établissement de la capitale somalienne, fréquenté par des responsables politiques, et ont tué au moins six parlementaires, rapporte le vice-premier ministre somalien Abdirahman Haji Adab Ibbi.

Selon plusieurs témoins, deux assaillants déguisés en gardiens de sécurité sont entrés dans l'établissement, situé tout près du palais présidentiel, et ont ouvert le feu avant de se faire exploser. «Ils ont ouvert le feu sur tout le monde. Impossible d'y échapper! J'ai eu beaucoup de chance, ils m'ont visé mais j'ai eu le temps de sauter par la fenêtre et j'ai survécu», raconte à l'Agence France-Presse Adan Mohamed, un employé de l'hôtel. «Les gens criaient, c'était la panique totale. Quand ils ont vu qu'il ne restait plus personne à tuer, ils sont montés sur la terrasse et ont commencé à tirer sur les forces de sécurité qui cernaient les lieux». Des affrontements ont aussi eu lieu mardi dans le marché de Baraka au sud de la capitale, considéré comme un fief d'al-Shebab.

Depuis deux jours, Mogadiscio est le théâtre de violentes altercations entre les forces de l'Union africaine (Amisom) et les shebabs. Lundi, des miliciens du groupe islamiste ont attaqué plusieurs bases des forces progouvernementales, tuant au moins 29 civils et faisant une centaine de blessés dans la capitale somalienne.

Une guerre contre les envahisseurs

Ces attaques ont été lancées après que le porte-parole d'al-Shebab, Sheikh Ali Mohamoud Rage, a annoncé dimanche le début d'une «guerre» d'envergure contre les «envahisseurs». La déclaration faisait vraisemblablement référence aux plus de 6000 soldats ougandais et burundais de l'Amisom, chargés d'assurer la protection du gouvernement somalien. Toutefois, cette force est considérée comme sous-équipée, sous-financée et inefficace.

Dimanche, les rebelles islamistes ont menacé de représailles les agents du Programme alimentaire mondial (PAM), qu'ils accusent de fournir à la population des aliments avariés. Les militants islamistes ont confisqué des tonnes d'aide alimentaire à des commerçants locaux et ont également brûlé des vivres provenant d'entrepôts de Mogadiscio. Le PAM avait alors rétorqué qu'il «n'autorise pas la distribution en Somalie de vivres arrivées à péremption».

La Somalie, qui compte environ 8 millions d'habitants, fonctionne sans gouvernement central depuis la chute du dictateur Siad Barré en 1991. Son départ a déclenché une guerre civile entre différentes milices. Depuis janvier 2007, les shebabs, cherche à prendre le pouvoir et contrôlent actuellement l'essentiel du centre et du sud du pays, ainsi qu'une partie de la capitale.

Paris a condamné fermement l'attaque et a réaffirmé son soutien à la mission de l'Union Africaine, et salue «le travail remarquable et courageux des soldats burundais et ougandais à Mogadiscio».

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