jeudi 25 mars 2010

«Vous couchez avec nous mais vous votez contre nous»


Une centaine de personnes, dont de nombreuses prostituées, ont manifesté mercredi soir à Paris pour réclamer la reconnaissance d'un statut de "travailleur du sexe" assorti de droits sociaux et dénoncer toute vélléité de réouverture des maisons closes, a constaté une journaliste de l'AFP.
À l'occasion de la quatrième édition des assises de la prostitution, le collectif Droits et prostitution ainsi que le Strass (syndicat des travailleurs du sexe), le bus des femmes et des associations de lutte contre le sida comme Act-up, ont une nouvelle fois réaffirmé leurs revendications. "Nous réclamons le statut de travailleur et l'abrogation de la loi de 2003 sur le racolage passif", a affirmé Maitresse Gildas du Strass.

Invitée au palais du Luxembourg par la sénatrice Alima Boumediène-Thierry, les participants ont aussi affirmé leur opposition à une réouverture des maisons closes. "Ca ne fera qu'augmenter la précarité des travailleurs du sexe, affirme maîtresse Gildas". Pour Claude Boucher de l’association du bus des femmes, les "prostituées veulent rester des femmes libres et c'est pourquoi nous sommes contre les maisons closes qui ne feraient que renforcer le proxénétisme". La semaine dernière, la députée UMP Chantal Brunel a relancé le débat, en proposant des «maisons ouvertes» qui seraient «à l'image des cabinets de professionnels, comme les experts comptables». Le Strass entend organiser un modèle de "bordel autogéré", donc sans patron, dans les "semaines à venir" pour démontrer à quelle forme d'organisation de type "économie solidaire" ces prostituées ont réfléchi.

Un peu plus tard dans la journée, la petite centaine de participants s'est retrouvée pour manifester dans les belles rues qui bordent le jardin du Luxembourg, à quelques pas du Sénat. Derrière une banderole unitaire dans laquelle nous pouvions lire « fière d’être putes », les manifestants, souvent haut en couleurs, ont défilé dans une ambiance bon enfant sous le regard de passants et des touristes amusés. Maitresse Zézeta perchée sur d’immenses bottes blanches, scandait dans une voix chantante : «Si t’es contre la répression, mets-toi un doigt / Si t’es contre Sarkozy mets-toi deux doigts» ou encore: «vous couchez avec nous / vous votez contre nous», repris en cœurs par les autres travailleurs du sexe, en référence à la loi de sécurité intérieure (LSI) de 2003 qui a institué le délit de racolage passif dont elles demandent l'abrogation.
Les participantes à cette manifestation se réclament d'une prostitution assumée et sans proxénète, qu'elles opposent vivement à la prostitution organisée par des réseaux de traite des êtres humains

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