mardi 12 avril 2011

Egypte: la place Tahrir de nouveau mobilisée



Deux mois après la chute du régime, les Égyptiens sont à nouveau descendus dans la rue, pour exiger le procès de l'ancien « raïs » et l’accélération de la transition à un pouvoir civil.

Il y a deux mois à peine, les Égyptiens voyaient l'armée comme une alliée qui les a aidés à tourner la page sur les trois décennies de l'ère Moubarak. Cette lune de miel est définitivement terminée. Vendredi, pour la première fois depuis la chute de Hosni Moubarak, 100.000 protestataires massés au centre du Caire ont scandé des slogans hostiles aux militaires et réclamé le départ du maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées. L'intervention musclé de la police militaire pour évacuer la place occupée par les manifestants, on fait un mort et 71 blessés selon un bilan officiel.

Amnesty International a dénoncé "l'usage excessif de la force par l'armée égyptienne", citant sur la foi de témoignages l'usage de matraques électriques et l'envoi de véhicules blindés qui ont fait de nombreux blessés en entrant dans la foule. L'armée a nié avoir agi avec brutalité et démenti des accusations selon lesquelles elle aurait ouvert le feu sur des manifestants. Elle les a qualifiés de "hors-la-loi" en laissant entendre qu'ils pourraient agir à l'instigation de partisans de Moubarak.

Or, une partie de la jeunesse égyptienne soupçonnent l’institution militaire de protéger Hosni Moubarak et ses proches. A plusieurs reprises ces dernières semaines, l’armée a tenté de mettre au pas ces irréductibles qui exigent de faire table rase du régime. En témoigne la fermeté dont elle a fait preuve dimanche, en faisant condamner à trois ans de prison un simple blogueur accusé d'avoir « insulté » l'institution militaire.

Si l’armée jouit encore d’une certaine popularité au sein de l’opinion, son indulgence vis-à-vis de Moubarak pourrait lui faire perdre son crédit. Face à la pression populaire, le ministre de l'Intérieur, Mansour al-Issawi, a annoncé que l'ex-président égyptien ainsi que ses fils Alaa et Gamal seront prochainement entendus par la justice dans le cadre d'enquêtes portant sur des détournements d'argent public et sur la répression des manifestations anti-Moubarak, lors desquelles 840 personnes ont été tuées. S'ils refusent de comparaître devant le parquet, à une date qui reste à déterminer, « des mesures légales seront prises », a-t-il précisé, évoquant une possible arrestation conformément à la loi.

L’inquiétude est grande chez les Egyptiens, qui réalisent que la révolution est loin d’être terminée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire