dimanche 5 avril 2009

Compte-rendu du livre de Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde.


En 1932, Paul Nizan a écrit Les chiens de garde, l'expression qualifiant ces philosophes qui utilisaient leurs connaissances pour valoriser et protéger les décideurs et les puissants. En référence à cet essai, Serge Halimi a intitulé son livre Les nouveaux chiens de garde, car lui ne dénonce pas des philosophes mais une trentaine de journalistes. Les plus connus sont Patrick Poivre D'Arvor (PPDA), Claire Chazal, Michel Field, Jacques Attali, Christine Ockrent, Serge July, Alain Duhamel, Franz-Olivier Giesbert. En une centaine de pages, Serge Halimi, journaliste au Monde diplomatique, nous livre un brûlot décapant sur les pratiques d’une trentaine de journalistes de « connivence » et de « révérence » qui survivent à toutes les alternances politiques et industrielles. Sorte de nomenklatura médiatique qui se veut le gotha de la profession, ils ne sont que les haut-parleurs, les « nouveaux chiens de garde » du système dominant : « le marché ». Pour lui, ils forment une « société de cour et d'argent » qui pratique un « journalisme de marché » et relaie une pensée unique, néolibérale.

Dans cet ouvrage pamphlétaire, Serge Halimi s'en prend aux médias français qui se proclament « contre-pouvoir » mais qui en réalité ne sont que le jouet d'un journalisme de révérence, lui-même manipulé par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, et par des réseaux de connivence. La verve stimulante est appuyée par de nombreux exemples précis et imparables. Ces prises en flagrant délit donnent à l'ouvrage un puissant potentiel polémique et subversif. Cela fournis une arme efficace pour déconstruire l'hypocrisie médiatique et ses effets pervers. La plume de l'auteur est acérée, les exemples foisonnent, l'analyse est réussie même si quelques réserves peuvent être émises.

Toutefois pourquoi ce petit ouvrage de 145 pages a-t-il suscité un tel intérêt ? Serge Halimi y présente, en quatre courts chapitres mais trop denses, une analyse qu’on peut qualifier dans l’air du temps, de ce qu'il considère comme une collusion entre pouvoirs médiatique, politique et économique, à l'aide d'une étude qui se veut exhaustive sur la télévision et les grands journaux français. Il prétend aussi démonter le traitement parfois partial et complaisant de certains médias français vis-à-vis des sociétés qui en sont les actionnaires.

Il explique aussi le peu de cas fait aux mouvements sociaux, et la place prépondérante des faits divers dans les journaux télévisés. Il reprend la thèse selon laquelle « le fait divers fait diversion », selon la formule de Pierre Bourdieu, qui a préfacé ce livre. Les grands médias présentent alors l’actualité internationale et sociale sous forme d’une fable morale, à base d’affrontements binaires entre Bien (nous) et Mal (les autres), de portraits de grands hommes (tantôt héroïques, tantôt maléfiques), d’émotions successives propres à susciter la compassion unanime et le consensus apitoyé.

Dans son dernier chapitre, il souligne les connivences dans le milieu journalistique, facilitant les autopromotions. Les journalistes se comportent comme des «courtisans » avec les hommes politiques. Ils en taisent les secrets, font des interviews complaisantes et manipulent l'information dans le sens des politiques. Ils agissent ainsi par peur des représailles, mais surtout par amitié et/ou par intérêt financier et soif du pouvoir. En effet, c'est grâce aux politiques qu'ils obtiennent des sièges dans des commissions officielles ou sont nommés à la direction de grands médias.

Ils maintiennent à distance certains sujets pour mieux en matraquer d'autres, désinformer, moins par volonté de manipuler mais plus par paresse et par reddition devant l'idéologie néolibérale dominante. La collusion entre les intérêts des propriétaires de la presse française et le trust des trente journalistes qui en tiennent les rênes à coup de présence incessante, d'info-marchandise, de renvois d'ascenseurs et flatteries de courtisans, sape l'indépendance des journalistes fragilisés par la crainte du chômage. Leur rejet de tout ce qui pourrait les renvoyer à leur responsabilité propre de décideur est d’autant plus violent et sincère qu’ils ont intériorisé un système de valeur néolibéral accordant une place centrale à l’impulsion de l’entrepreneur.


Le refus d’une critique structurelle apparaît toutefois moins déconcertant quand on observe qu’il provient avant tout de journalistes occupant des positions de pouvoir ou de prestige, et bénéficiant d’une notoriété, lesquels peuvent ensuite se transformer en avantages financiers. L’ouvrage de Serge Halimi remet en cause l’ordre social capitaliste, ainsi pour être audible par les tenants du pouvoir médiatique, la critique doit ainsi donner à chacun la possibilité de s’en exclure

3 commentaires:

  1. Après avoir lu ton article, j'ai vraiment l'envie de lire le livre car la description que tu en fais est précise et me semble être objective; Qualité indispensable de tout journaliste qui se respecte!
    Le ton est agréable, passionnant;

    Pas de temps à perdre, je te laisse à ton clavier Olfa, j'ai hâte de lire de nouveau article!

    bisous
    Anissa

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  2. Moi je ne suis pas d'accord avec toi Anissa.

    Y a des passages accusateurs quand mm, pas très objectif tt cela lol.

    Mais sinon c'est vrai quelle commence a avoir dla plume Olfa.

    Bon courage mademoiselle OK (Olfa K.....)

    Ps: mm si jvien pas t'embéter je sui du coin de l'oeil ce que tu fait.Et dsl pr les fautesssss

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  3. Chere journaliste Olfa, alias PatrickA Poivre D'Arvore!

    Te lire m'a donne des frissions car, je vois derriere tes mots une grande journaliste mais surtout une Olfa devenue femme, qui a muri.

    N'oublie pas que nous sommes controlles par les medias, alors j'espere que tu deviendras une journaliste qui denoncera les reelles problemes de la societe.

    Bien cordialement.

    Sorayayayayaya

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