lundi 14 janvier 2013

Tunisie, 2 ans après: entre déception et frustration


Deux ans se sont écoulés depuis la fuite du président déchu Ben Ali. La déception est là, patente. Les Tunisiens sont en train de compter les échecs que les succès de cet anniversaire. Le bilan est sans appel : la Tunisie pédale encore dans la semoule.

Il y a une déception mais surtout une frustration sur ce changement. Un état d’insatisfaction d’une jeunesse désœuvrée quant aux conséquences économiques et sociales de la révolution elle-même. Dans la mesure où la révolution n’a pas abouti, immédiatement, sur une amélioration des conditions de vies des Tunisiens, le sentiment de frustration est renforcé. Et ce sentiment de frustration participe à son tour à une instabilité politique.

L’euphorie politique de la révolution est retombée depuis bien longtemps. Et aujourd’hui, les islamistes au pouvoir sont dans l’obligation de faire le constat suivant : ils ont beau avoir réussi aux élections, ils ont échoué a gouverner. L’écriture de la constitution, qui ne devait pas durer plus d’une année et demi, s’enlise, la date des prochaines élections, seules garantes d’un système politique stable et durable, sont inconnues, la justice transitionnelle, qui devait tourner la page de la dictature et sceller la réconciliation nationale est… inexistante.

La violence politique est légion, la division règne dans le pays alors que le Tunisien souffre chaque jour un peu plus de la cherté de la vie et des tracas d'un quotidien de plus en plus désordonné. Les habitants de ces villes du centre-ouest de la Tunisie se considèrent toujours comme les damnés de la république. Tout comme les habitants de Siliana (centre), qui viennent de se révolter pendant cinq jours, du 27 novembre au 1er décembre, et sur lesquels la police a tiré à la chevrotine. Bilan : 350 blessés.

Le débat public brille par son indigence et sa platitude. Cette médiocrité s’explique par l’inexpérience, l’ignorance et l’incompétence des responsables qui ne sont pas à la hauteur de la charge qui leur incombe. Le gouvernement sous influence islamiste semble ignorer l’urgence des réformes économiques et sociales. Les députés de la Constituante ont réussi à se mettre à dos une bonne partie de l’opinion publique.
Depuis les premières réunions de l’Assemblée constituante, il ne se passe plus un seul jour sans que l’on soit assailli par les évènements ou les thématiques religieuses. Bref, un temps considérable a été perdu à se poser des questions existentielles, mettant en danger le modèle sociétal tunisien. Quand aux opposants modernistes, ils sont à la recherche d’un «consensus» afin d’accélérer la phase de transition politique, et faciliter l'action du gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante. Force est de constater que cela a pour conséquence une incapacité à s’opposer d’une manière efficace et productive.

La Tunisie est toujours dans une période transitoire qui est, par définition instable. Mais le changement a lieu, il existe. Sur le plan politique, on constate l’émergence d’un pluralisme démocratique, d’un nouvel échiquier politique.
Le pays se découvre une société civile, dynamique, déterminée, qui se bat, pied à pied. Les associations sont appelées à jouer un rôle fondamental dans la construction de la société civile en tant que : contrepoids organisés face aux organes de l’Etat, espaces de participation démocratique et espaces de formation du citoyen à la participation civique. Le message de la révolution sera toujours là pour rappeler à ceux qui l’oublient qu’ils ont des engagements vis-à-vis du peuple.

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