Selon WikiLeaks, les Américains s'inquiètent d'une discrimination des musulmans qui pourrait susciter des crises et affaiblir l'Hexagone. Le consulat des Etats-Unis s'attache donc à promouvoir la «diversité à la française» à travers une association, une première en France.
Les Etats-Unis restent très impliqués en France sur la question de la diversité. Début décembre, le consul américain de Lyon Mark Shapiro a lancé une nouvelle association baptisée Confluence pour le respect et la diversité, une structure qui s'inscrit dans la politique des Etats-Unis pour la promotion des minorités et particulièrement de la minorité musulmane.
Ce projet est le résultat d'un «partenariat entre la région Rhône-Alpes et le Département d'Etat américain» autrement dit le Quai d'Orsay version US. Selon les messages diplomatiques révélés par WikiLeaks, les Américains craignent en effet que la discrimination des musulmans suscite des crises répétées et fasse de la France un «pays faible» et «un allié moins performant».
Reproche américaines à «la France chrétienne et blanche»
Cette association ambitionne «de créer, d'animer et de gérer à Lyon, un centre dédié à la diversité et à la lutte contre les discriminations», selon le magazine . Mais pourquoi cet intérêt pour nos minorités ? La France, avec 4 à 5 millions de musulmans, forme un cas à part vu de Washington. Dans l'une des notes diplomatiques publiées par le site Wikileaks, les Etats-Unis reprochent à «la France blanche et chrétienne de ne pas considérer ses compatriotes à la peau sombre et musulmans comme des citoyens à part entière».
Considérant que «les populations défavorisées restent une cible évidente pour les recruteurs extrémistes», l'ambassade évoque dans une note du 25 janvier 2007 de possibles aides financières pour lutter «contre les conséquences des discriminations et l'exclusion des minorités en France». Ainsi, l'opération de séduction en direction des banlieues et des Français d'origine étrangère coûte chaque année 3 millions de dollars à l'ambassade des Etats-Unis. La stratégie américaine est simple : financer des projets de renouvellement urbains, des conférences ainsi qu'un programme d'échange permettant à de jeunes musulmans français de visiter l'Amérique.
Ce type de programmes, lancé au lendemain du 11 septembre, vise dans un premier temps à améliorer l'image des Etats-Unis, mais aussi à repérer les talents émergents dans les banlieues. Les Américains souhaitent ainsi renforcer leur présence économique et culturelle en France tout en participant au développement de villes au potentiel ignoré. L'objectif principal des Etats-Unis est d'aider et accompagner les jeunes issus de l'immigration, afin de les éloigner d'éventuelles dérives extrémistes.
Mais Washington s'est également aperçu d'un intérêt politique, en s'assurant les bonnes grâces de ceux qui seront peut-être les décideurs de demain. Chaque année, une trentaine de personnes issues de l'immigration et considérées comme des futurs leaders sont invitées trois semaines aux Etats-Unis pour un séjour de découverte.
Toutefois, les dirigeants de la nouvelle association lyonnaise se défendent d'être des agents au profit de l'Oncle Sam. « Ce n'est ni l'officine des Etats-Unis, ni d'un parti politique. Il s'agit d'un espace de rencontre et de réflexion non partisan », a assuré Abdelaziz Dahhassi, le directeur de l'association au magazine Lyon Capitale.
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