Trafic aérien en pause, élèves escortés par la police… Au pays du Matin calme, la réussite aux tests d'entrée à l'université tourne à l'obsession.
Quelque 710.000 lycéens sud-coréens passaient jeudi les tests d'entrée à l'université, un moment absolument crucial pour la vie des futurs étudiants, dans un pays où la réussite scolaire est devenue l'obsession de toute une société. Et ce, dans une proportion sans commune mesure avec la France.
En ce jour si particulier, c'est tout un pays qui retient son souffle. L'examen revêt une importance telle que le gouvernement prend des mesures exceptionnelles pour assurer le bon déroulement des épreuves. La date de cet examen a par exemple été repoussée d'une semaine en raison de la tenue du sommet du G20 la semaine dernière à Séoul.
Les administrations, la Bourse de Séoul et de nombreuses entreprises privées retardent d'une heure l'ouverture de leurs portes afin d'éviter tout risque d'embouteillage qui pourrait empêcher l'arrivée des candidats à se présenter à l'heure. La police est même chargée d'escorter les retardataires à leurs centres d'examen.
Une autre mesure insolite concerne aussi les transports aériens. Au cours de la journée, pendant les épreuves orales d'anglais, aucun avion n'a le droit de décoller ou d'atterrir dans la péninsule : les autorités craignent que le bruit des réacteurs ne nuise à la bonne compréhension des questions par les candidats.
En vue de ce rendez-vous, les magasins se sont également spécialisés dans la vente de boîtes cadeau, contenant des gâteaux de riz : une croyance veut que les gâteaux de riz gluant aident les leçons apprises à rester « collées » au cerveau des étudiants.
Des jeunes sud-coréens sous pression
En Corée du Sud, l'entrée à l'université conditionne toute la vie professionnelle et sociale future. Car au pays du Matin calme, en dehors de cette institution, il n'y a pas d'autres perspectives d'avenir. Cet examen est donc crucial pour le devenir des jeunes Coréens car les universités s'appuient sur ces résultats pour choisir leurs étudiants. Et intégrer les institutions les plus prestigieuses du pays signifie presque systématiquement un bon emploi et un salaire décent. Aller dans les meilleures écoles permet également de forger des liens qui pourront se révéler utiles au cours de leur carrière.
Un système parfaitement bien compris par les familles sud-coréennes, qui imposent à leurs enfants des emplois du temps démentiels. En plus des heures de cours «normales», ils doivent suivre des cours privés et des cours du soir d'autant plus intensifs qu'ils approchent de l'examen d'entrée à l'université. «J'ai l'impression que ces derniers jours ont été plus longs que les douze années que je viens de passer à financer la scolarité de mon fils», déclare un père de 45 ans.
Mais la fatigue et la pression qui reposent sur les épaules des candidats sont telles que chaque année, entre les examens et les résultats, on assiste à une montée en flèche des suicides chez les jeunes : les plus nerveux ou les moins solides choisissent cette solution définitive, plutôt que le risque de décevoir et de faire perdre la face à leur famille. En Corée du Sud, avoir un diplôme est avant tout un statut car la population considère que c'est l'éducation qui est à l'origine du développement spectaculaire de leur pays ces dernières années.
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